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resistanceetamour

Ceci est le blog d'un documentaliste révolté contre les injustices de notre société.

Portrait de deux frondeurs

Publié le 7 Juillet 2014 par resistanceetamour

SUITE A LA CAPITULATION DES DEPUTES DITS « FRONDEURS », LE BLOGUEUR S’EST DECIDE A FAIRE LE PORTRAITS DE DEUX VRAIS FRONDEURS SOUS LOUIS XIV AVEC QUELQUES TOUCHES HUMORISTIQUES ET COMME ON EST POUR LA PARITE ON A FAIT UN HOMME ET UNE FEMME.

Commençons par le cardinal de Retz, Jean François Paul de Gondi. Tel un député socialiste, il a un peu la grosse tête. La preuve ? Il dit dans ses mémoires : « Le jour de ma naissance on prit un esturgeon monstrueux dans une petite rivière qui passe sur la terre de Montmirail en Brie où ma mère accoucha de moi. ».

Il n’accepte qu’à contrecœur la carrière ecclésiastique que lui a imposée l’intérêt familial. Il aurait préféré une carrière militaire. Selon l’ordre de l’héritage c’est son frère qui aurait dû être cardinal mais celui-ci est mort la même année que son oncle, premier cardinal de Retz depuis 1618. Il se voit donc, contraint par les prétentions familiales, dans l’obligation de prendre la place de son frère. Il s’y résout car plus son âge avance, moins il a de chance de porter le mousquet

Quelles sont les charges et pouvoirs de Retz? Il est nommé le 12 juin coadjuteur de son oncle Jean-François, archevêque de Paris, ce qui est un premier pas vers la succession à l’archevêché dont il héritera en 1653. S’il doit démissionner de l’archevêché en 1661, il reste cardinal et en tant qu’homme d’église, il joue le rôle d’intermédiaire entre le roi et le Pape et a des pouvoirs. Retz, à la demande de Louis XIV, a rédigé un mémoire sur les mesures à prendre pour faire céder le pape Alexandre VII sur la nomination de l’évêque de Rodez, Hardouin de Péréfixe comme archevêque de Paris. Alexandre cédera en 1664, après que le roi aura appliqué ces mesures, c’est un succès pour lui. A partir de cette date, c’est le roi qui nommera évêques et archevêques et cardinaux. On le voit chez Dangeau le vendredi 10 janvier 1690 : « Le roi vient de donner à M. l’archevêque de Paris sa nomination au cardinalat ».

Retz a aussi été envoyé à Rome en 1665 pour régler les conflits avec ce pape, dus aux censures émises par la Sorbonne contre un livre du jésuite espagnol Mathieu de Moya, affirmant l’infaillibilité pontificale. C’est un deuxième succès, il parvient à convaincre le pape qui condamne ce livre en 1666 en mettant en cause la morale débridée de son auteur alors qu’il ne voulait pas le faire au départ. En plus de ce rôle d’intermédiaire, Retz en a un autre important. En tant que Cardinal il fait partie de ceux qui votent pour élire le pape et peut alors désigner un pape plus ou moins en accord avec le pouvoir royal, selon son envie. En 1655, il participe à l’élection d’Alexandre VII et milite pour l’élire alors que cette élection n’est pas voulue par Mazarin. En revanche en 1667, il participe à faire élire le candidat voulu par la France, Clément IX. C’est en 1676, lors de l’élection d’Innocent XI qu’il participe pour la dernière fois à l’élection d’un pape. Il a un rôle d’aide du pouvoir pour maintenir la paix sociale. Il est cardinal, c’est à dire : membre du sacré collège conseiller du pape. Ce mot vient du latin cardinalis qui veut dire pivot, ainsi c’est un pivot de la société. Il a quatre vertus (justice, prudence, tempérance, force). Nous voyons donc qu’il a plus de pouvoir qu’un député socialiste.

Aux yeux de ses contemporains, il fait figure de téméraire et de vindicatif. Il est notamment l’auteur de La Conjuration de Jean-Louis de Fiesque, récit enthousiaste de la tentative menée par le jeune Gênois pour renverser la tyrannie d’Andrea Doria . Il s’incarne dans le personnage de Fiesque en l’idéalisant.

Retz prétend avoir animé les principales journées de la Fronde, tenu le pavé à Paris, et y avoir gardé prisonniers la Reine et le jeune Roi. Il a largement exagéré l’ampleur et l’efficacité de son action pendant les troubles mais beaucoup de contemporains ont cru, comme beaucoup ont cru à la Fronde des députés.

Une amnistie décrétée le 22 octobre 1652 par Louis XIV permet à Retz d’échapper un temps à la punition de ses actions passées de frondeur. Mais Retz est considéré par Mazarin comme un dangereux trublion et on veut l’empêcher de nuire à l’avenir. Le 19 décembre, Retz va au Louvre. Il est arrêté vers onze heures par le marquis de Villequier, capitaine des gardes.

Il refuse la condition de sa libération : renoncer à ses droits sur l’archevêché, et réussit à hériter le cardinalat, alors qu’il est en prison. Mazarin lui demande alors de démissionner, ce qu’il accepte pour être libéré. Retz quitte alors Vincennes pour la Bretagne le 30 mars 1654. A Nantes, il dispose d’un appartement dans le château, est autorisé à se promener sur le rempart et à recevoir des visites. Mais le souverain pontife Innocent X refuse d’entériner sa démission pour affirmer son autorité par rapport au Roi. Mazarin, persuadé que la mauvaise volonté du pape ne s’explique que par les intrigues ourdies à Rome par les agents du prisonnier, envisage de transférer celui-ci à Brest ou à Brouage. Retz est ainsi contraint à l’évasion.

Pendant ses années d'exil, après sa fuite du château de Nantes, il vient se réfugier à Belle-Île-en-Mer qu'il a hérité de son grand-oncle, Albert de Gondi puis dans son château de Commercy, centre de la principauté qu'il avait héritée de sa mère en 1640.

Quand Mazarin meurt en 1661, Retz espère rentrer en grâce, sous-estimant la rancune de Louis XIV. Le 30 mai 1675, Retz écrit une lettre au pape – dans laquelle il se définit comme « l’âme la moins ecclésiastique au monde » - pour renoncer à sa dignité de cardinal et ou il déclare se retirer définitivement de la vie politique.

La complaisance avec laquelle Louis XIV souscrivait à la démission de Retz ne pouvait qu’encourager Clément X, successeur d’Alexandre VII, à refuser la démission du cardinal, ce qu’il fit de façon rapide et catégorique, pour prévenir tout malentendu, dès le 22 juin 1675. Mais il mourra peu après, en 1799.

Passons à Anne Marie Louise d'Orléans dite "La Grande Mademoiselle". Elle fait partie de la famille royale, elle est la cousine du Roi, fille de « Monsieur », frère du roi, duc d’Orléans (Gaston), ce qui lui permet de nous décrire de très près ce qui se passe à la cour -sauf quand elle est en exil-. Elle est riche par l’héritage de sa mère. Elle se décrit dans les Mémoires comme une personne active, toujours occupée, rêveuse quelquefois, peu encline à l’ennui.

Elle dit éprouver de la répugnance pour l’amour qu’elle considère comme une passion indigne d’elle et de l’image qu’elle a d’elle. La raison doit l’emporter sur la passion et en cela elle est très cornélienne, comme Chimène. Elle se veut vertueuse et ne s’identifie pas aux personnages raciniens comme Phèdre.

Elle se trouve souvent en conflit avec son père notamment en ce qui concerne l’héritage de sa mère. Ces disputes aboutissent quelquefois à des réconciliations. Elle agit, poussée plus par ses sentiments que par sa raison, ce qui est peut-être dû au fait qu’elle est orpheline de mère.

Garapon nous dresse d’elle le portrait psychologique d’une personne naïve (mais pas autant que Gerard Filoche qui croit qu'on peut changer le ps de l'intérieur) qui a de la candeur, de la franchise, ou encore de la promptitude. D’après lui, elle est profondément obsédée d’elle- même et travaillée d’une inquiétude secrète sur son propre compte. Il voit chez elle un équilibre entre le moi sensible et le moi glorieux, celui de la frondeuse. Il ne dénote pas chez elle d’originalité morale. Ses lectures, le contexte social la poussent à se voir comme une « héroïne » (épique), elle rêve de gloire, elle est marquée par les personnages cornéliens. Elle a assisté sans doute à des pièces de Pierre Corneille, elle en a lues. C’est dans la mystique d’une race royale autant que dans les rêves épiques et romanesques de sa culture que la princesse puise la haute idée qu’elle se fait d’elle-même.

Elle connaît bien les coulisses de la famille royale : elle en fait partie. Aussi son récit est-il intéressant car il nous peint ce qui se passe à la cour. Elle se décrit comme une enfant ayant des affinités avec Louis XIII et sa femme. Elle est alors très proche d’eux et les appelle « mon petit papa » et la reine « ma petite maman . Elle est apparemment en quête d’amour, d’affection. On peut se demander alors si ce souvenir est authentique ou s’il est « fabriqué » à partir de ce qu’on lui a raconté : de sa mémoire sociale. Le besoin d’affection s’explique par l’absence de sa mère, morte en couches, et de l’éloignement de son père absent de 1617 à 1621. Cette situation d’abandon d’après Christian Bouyer, dure jusqu’en 1619, date où Marie de Médicis, mère de Louis XIII, qui s’était auto- exilée après l’assassinat de Concini par le duc de Luynes en 1617, rentre en France.

Elle se rapproche alors de sa grand-mère paternelle pour qui elle éprouve de l’affection. Mais Marie de Médicis déteste Richelieu, cardinal ministre de Louis XIII et la fillette est éloignée, alors, du Roi et de la Reine.

Membre de la famille royale, elle entre dans les plans diplomatiques, et est utilisée comme un pion par le roi qui s’oppose aux mariages (envisagés par d’autres que lui.). Sa fortune amène à des luttes d’influences, fait qu’elle est au cœur des enjeux diplomatiques. Elle se trouve ainsi au centre de conflits d’intérêt, car il faut la marier…

De plus elle est censée avoir un sens aigu de l’Etat car elle a été éduquée comme un membre de la famille royale. Louis XIV essaye de s’en servir, en faisant appel à ce sens aigu de l’Etat : « On m’a dit que l’on disait dans le monde que je vous sacrifiais pour faire la fortune de M. de Lauzun ; cela me nuirait dans les pays étrangers, et que je ne devais point souffrir que cette affaire s’achevât. »

Plusieurs projets de mariages échouent, qu’elle y adhère ou non. Elle aurait pu épouser le comte de Soissons, Louis de Bourbon. En effet elle dit de lui : « Son dessein était de m’épouser. Monsieur lui avait promis d’y consentir quand il était à Sedan, et cette intention lui faisait observer tout ce qui pouvait servir à se conserver dans ma mémoire. »11. Mais le comte de Soissons meurt, sa mort est évoquée mais pas décrite : « Cependant je n’avais sans savoir pourquoi, nulle inclination à me marier. La malheureuse destinée qu’il eut en ses desseins fait bien voir que nous n’étions pas nés l’un pour l’autre ; je ne laissais pas de bien pleurer sa mort ; » Pour se consoler, elle fait référence à la fatalité. Le comte de Soissons meurt au moment de sa victoire lors de la bataille de La Marfée (entre ses troupes et celles de Richelieu, du Roi) le 6 juillet 1641 comme nous le dit Retz: « Monsieur le Comte donna la bataille, et il la gagna. Vous croyez sans doute l’affaire bien avancée. Rien moins. Monsieur le Comte est tué au milieu des siens, sans qu’il y en ait jamais eu un seul qui ait pu dire comment sa mort est arrivée. Cela est incroyable, et cela est pourtant vrai »13. On suspecte alors un assassinat qui aurait été ordonné par Richelieu, alors qu’il s’agit plus probablement d’un accident (un coup de pistolet alors qu’il relevait la visière de son casque).

Puis c’est le mariage avec Charles II roi d’Angleterre (entre 1651 et 1660, en exil France, dans les Provinces-Unies et dans les Pays-Bas espagnols) qui est envisagé par la Reine, le Cardinal Mazarin et par la Reine d’Angleterre, mère de ce roi. Charles fait la cour à La Grande Mademoiselle ouvertement et maladroitement. Sa cour acharnée ne fait pas oublier à Grande Mademoiselle qu’il est à la tête d’un pays dont il n’est le roi que selon lui. En effet on assiste alors à la première révolution anglaise où Charles Ier est exécuté. Aussi Charles veut-il se marier avec La Grande Mademoiselle, qui représente un bon parti, pour se remettre en place. Elle prend conscience des risques que court sa fortune, la reprise du pouvoir étant loin d’être assurée et Charles ne l’épousant que pour son fric. Aussi pour s’en sortir d’une façon diplomatique, elle dit à la reine d’Angleterre que son fils doit se convertir à la religion catholique pour l’épouser. Elle résiste aux pressions de la reine et de Mazarin qui tentent de la convaincre.

Il faut dire qu’elle pense déjà à épouser Ferdinand III de Habsbourg et ne voit Charles que comme un « objet de pitié » et se plaint même que Mazarin ne l’y aide pas.

Elle aurait aussi pu épouser Louis XIV. C’était en effet l’une des conditions que Condé avait posées à Mazarin pour qu’il arrête sa Fronde. Mais ce projet est anéanti par son attitude le 2 juillet 1652 lors de la bataille du Faubourg Saint-Antoine. Alors que Condé est en danger : « et qu’il serait ravi de tirer M. le Prince du péril où il était exposé ». Elle fait alors tirer au canon sur les troupes royales dirigées par Turenne pour sauver Condé qui est selon elle « l’homme du monde le plus raisonnable ».

Turenne veut lui, la convaincre d’épouser le roi du Portugal. Ce qu’elle refuse catégoriquement : « Fi ! Me récriai-je, je n’en veux point ». Ce à quoi Turenne répond que sa volonté doit être celle du roi « les filles de votre qualité n’ont point de volonté ; elle doit être celle du roi. ». Le mariage pourrait servir les intérêts de la France, comme le dit Turenne : « l’alliance de France était la chose que l’on devait la plus ardemment désirer ». Turenne fait l’éloge du roi du Portugal pour convaincre la Grande Mademoiselle qui a peur de devoir revenir, si les Espagnols la chassent, faire l’aumône en France : « que les Espagnols [me] chasseraient, et de venir en France demander l’aumône, quand mon bien serait mangé ». Il continue à essayer de la convaincre mais c’est un échec. Le refus de la Grande Mademoiselle de ce mariage que le roi veut, entraînera son exil : « je ne voulus pas taire la cause de mon exil : j’écrivis à tout ce que je connaissais de gens que c’était parce que je ne voulais pas épouser le roi du Portugal ; »

Après tous ces échecs matrimoniaux, toutes les précautions pécuniaires ou même de prestige de Mademoiselle s’évanouissent quand elle veut se marier avec Lauzun et tente à deux reprises d’en convaincre le Roi qui n’a pas l’air d’être totalement opposé au départ. Elle vit enfin une passion. Elle n’est plus alors un personnage cornélien, raisonnable mais est devenue une héroïne racinienne, emportée par la passion…

Mademoiselle remarque Lauzun en 1660, soit à 33 ans. Elle tombe amoureuse de lui vers 1669 et essaye de le lui faire comprendre en 1670. Lauzun feint de ne pas comprendre car il connaît les risques : elle est la cousine du Roi et celui-ci veille sur la réputation de sa famille, sur son prestige. Le Roi veut lui faire épouser son frère Philippe de France : « le Roi me dit : « au moins devant que vous épousiez mon frère », ce qu’elle ne veut pas (ce qui est compréhensible). Aussi Lauzun fait-il l’innocent, le modeste. Il veut vérifier qu’elle ne le manipule pas et s’assurer de son amour pour éviter les risques, qu’il n’évitera d’ailleurs pas. En effet il sera mis, pour cette raison, en prison à Pignerol en 1671, où il retrouvera Fouquet. Faut dire qu’en plus il est protestant, ça aide pas à l’intégration :)

Mademoiselle de Montpensier obtiendra sa libération en échange d’un duché donné à l’un des fils de la Montespan, duc de Maine, protégé par la nouvelle maîtresse de Louis XIV, Madame de Maintenon. Elle cesse d’écrire en 1688 soit cinq ans avant sa mort en 1693. Dangeau note que Lauzun vient réclamer sa part de l’héritage le 7 avril 1693: « M. de Lauzun est venu l’après-dînée porter au roi un papier que Mademoiselle avait mis entre les mains de Madame de Nogent » (P 261 Dangeau tome IV). Il y est désigné légataire universel mais La Grande Mademoiselle avait fait entre temps un nouveau testament annulant cette disposition. Il faut dire que Lauzun a suite à sa libération fait le volage.

C’est en me souvenant de tout cela que je me suis demandé : "les députés socialistes ont-ils fait tirer au canon sur François Hollande?", apparemment ce n’est pas le cas, ils se sont couchés contrairement aux vrais frondeurs qui on résistéet c’est regrettable.

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