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resistanceetamour

Ceci est le blog d'un documentaliste révolté contre les injustices de notre société.

Antigone et Ismène où Le vrai mandat de Nicolas S. Acte 3.

Publié le 4 Avril 2012 par resistanceetamour in Livres

Acte 3.

 

Scène 1: Créon, le peuple, Antigone.

 

 

 

(Le peuple, sélectionné dans l’UMP et dont le nombre dépend des moyens du scénariste, Antigone (amenée par des gardes) et les autres acteurs, entrent sur la place publique. Ils attendent Créon qui apparaît peu après dans le brouillard au balcon de l’immeuble royal).

 

Créon: Je vous demande d'excuser mon grand retard qui est dû au fait que j’ai bouffé des paroles, car j’avais faim et que quand on mange on accumule beaucoup de retard car manger alourdit. Ô Peuple! Comme je l’ai déjà annoncé plus tôt: je présente un nouveau débat sur l’identité nationale. Ce qui a entraîné cela? Comme vous le savez déjà, Antigone ici présente… 

 

Antigone: Coucou! 

 

Créon (poursuivant son discours avec ses tics habituels): a aidé son demi-frère, clandestin sans papier, à entrer en Créonie puis l’a caché chez elle, ce qui est formellement interdit! De plus, après sa mort, elle a voulu l’enterrer, ce qui est interdit, puisque notre terre fait partie de l’identité nationale et que les immigrés ne doivent pas en profiter. Par ces faits, la Créonie a connu une flambée de violence sans précédent, qui a profondément choqué nos concitoyens.

 

Le peuple (l’acclamant): Ouais, il a raison! Il faut être ferme! (criant plus fortement) Les Roms au Luxembourg! Les Roms au Luxembourg!

 

Créon (continuant son discours avec une moue de satisfaction): La Créonie a un lien charnel avec sa terre. Or elle a voulu enterrer un étranger, dans notre terre, et un étranger clandestin n’a pas à profiter de la terre française. La terre fait partie de notre identité nationale constituée du rapport singulier des Français avec la terre. Les immigrés sont ceux qui arrivent et nous, nous sommes ceux qui accueillent. Ils doivent respecter nos lois, avoir un emploi, porter leurs casquettes à l’endroit et ne pas parler le verlan, ou alors ils doivent repartir. Il faut les virer car ils excisent leurs fermes, étranglent des moutons dans leurs baignoires, sont des polygames et des délinquants, dès l’âge de 14 ans! C’est pour cette raison que j’ai décrété que 40% des coupables de crimes et délits devaient être trouvés, vu qu’ils sont musulmans. Nous pouvons les insulter, comme nous le faisons envers ces pauvres cons de bouseux de l’opposition, ceux qui refusent de me serrer la main car ils constituent de toute façon ensemble les deux tiers de l’échec scolaire en Créonie. Mais eux ne peuvent pas car ils n’ont pas le droit de parler. Ils fraudent tous contre la sécurité sociale, ce sont des misérables! Tout le monde peut donner son avis sauf ceux qui ne sont pas d’accord avec moi car c’est moi le maître, the king (à prononcer très mal), de la Créonie. Il ne faut pas oublier les racines chrétiennes de la Créonie ; nous ne sommes pas musulmans. Je suis aussi content du fait qu’en tant que roi je suis le second de dieu après le pape. La Créonie n’est pas née en 1789 ni en 1968.Le christianisme a beaucoup compté pour la Créonie et laCréonie a beaucoup compté pour le christianisme qui a fort heureusement tué le protestantisme. Les étrangers sont des musulmans, ils n’ont donc pas le droit d’habiter chez nous puisqu’ils ne sont pas chrétiens ; c’est pour cela que je ne veux pas que la Turquie soit intégrée à l’Union Européenne car sinon des milliers et des milliers de Turcs envahiront notre pays, violeront nos femmes nos enfants, et les femmes turques violeront nos hommes. Déjà qu’il y en a 10 millions qu’on paye à rien foutre. Cela suffit! Il ne faudrait pas que ce chiffre augmente encore, sinon, ils vont nous envahir, c’est ce qui provoque mon inquiétude. C’est pourquoi, pour lutter contre eux, leurs armées d’enfants, j’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire une laïcité qui ne considère pas notre religion comme un danger, contrairement à celle des autres. La Laïcité négative est inadmissible et pour changer ce genre de comportements inadmissibles, il faut que ce soient les curés qui enseignent. En effet, dans la transmission des valeurs morales et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. (Pause d’une minute)

 

Nous devons punir Antigone pour ce qu’elle a fait car ce n’est pas une « aidante »mais une traîtresse à sa patrie. Ah oui! Avant d’oublier, j’ajoute que moi et Copenhague allons baisser la température de deux degrés de 2001 à 2145.

 

Antigone (avec un mégaphone): Pour répondre à ces accusations je plaide en effet coupable. Oui! Je plaide coupable d’être innocente et de n’avoir rien fait de mal. Oui j’ai aidé mon demi-frère, car bien que né d’un viol d’un soldat étranger sur ma mère, il est tout de même mon frère et n’est pas responsable, ni coupable de ce crime dont le coupable a été puni par mon père. De plus, mon père Œdipe qui a longtemps été le maître ici avant d’être exécuté par Créon ici présent l’a reconnu en tant que fils. Je ne savais pas qu’il y avait 10 millions d’étrangers! Vous comptez surement jusqu'à la troisième génération comme le font les fascistes. Avant, il restait certaines libertés. Mais, hélas! Depuis le pouvoir a changé de mains. En effet, il est dans celles d’un raciste qui a une haine viscérale des étrangers quand ils ne viennent pas des Etats-Unis, auxquels il est vendu. (Pause). Seul le savoir peut aujourd’hui amener à un empire heureux et tranquille. Mais vous avez détruit cette possibilité par vos réformes antidémocratiques qui n’ont pas été votées par le peuple. Ce que vous appelez la Créonie, et ce que moi j’appelle la France n’est peut être pas né en 1789 mais la république oui! Et vous avez détruit cette république. 

 

Oui, j’ai essayé d’enterrer mon frère car, même s’il est un étranger, c’est tout de même mon frère et les liens du sang que j’ai avec lui m’obligent à l’enterrer. Il y a normalement possibilité d’être Français: par le droit du sang, par la droit du sol et par l’adoption. Mon frère a été adopté, il est donc légalement français quoi qu’en dise Créon. De plus nous nous devons de donner des papiers à tous les clandestins qui travaillent ou ont travaillé car ils ont ainsi apporté quelque-chose, une richesse à notre pays. Ils ont même parfois payé des impôts et ainsi payé leur billet de retour. Ils auraient mieux fait de ne rien faire car l’état n’aurait alors pas pu les virer sans moyens puisqu’il est en faillite d’après les paroles de notre premier ministre. Oui, la France a des racines chrétiennes mais aujourd’hui, elles doivent être déplacées et nous devons composer avec les racines de la république qui sont, elles, tolérantes et dont ne fait pas partie le christianisme qui prétend avoir des valeurs tolérantes mais a toujours appuyé les rois en place et le fait encore aujourd’hui. Les étrangers doivent avoir le droit d’habiter chez nous. La Turquie est un grand pays qui doit être intégré à l’Union Européenne. Sur ce point-là comme sur tous les autres points, c’est Obama qui a une longueur d’avance sur Créon, et non le contraire. La laïcité est toujours positive, elle a raison de considérer que les religions sont un danger. La laïcité n’est un danger que pour celui qui la refuse, le clergé qui est trop moralisateur pour enseigner. Quant à l’identité nationale, c’est celle du pouvoir en place et en ce moment, le pouvoir en place est raciste…

 

Créon (la coupant): Merci Antigone…

 

Antigone (le coupant avec son mégaphone): Je n’ai pas fini, vous avez plus parlé que moi…

 

Créon (fortement): Désolé je n’ai prononcé que 118 mots en plus. Tu as eu l’équivalent du temps de l’opposition. Merci de t’être défendue. Maintenant, la cour et les jurés populaires, c'est-à-dire, puisque je les contrôle, moi se retirent pour délibérer. Et maintenant, que les gardes fassent sortir L’opposition de la place publique pour que je puisse délibérer dans le calme!

 

(Créon sort, les gardes font sortir L’opposition, dont Antigone).

 

 

 

Scène 2. Antigone, Ismène, la nourrice.

 

(La scène se passe dans une rue, Antigone entre, suivie d’Ismène, elle-même suivie de la nourrice).

 

Ismène: Ben dis donc tu as quand même fait fort!

 

Antigone: Ma chère sœur, j’assume ce que j’ai fait, j’ai agi ; moi j’agis!

 

Ismène: Pourquoi as-tu fait ce qu’on défend au peuple de faire?

 

Antigone: Le peuple doit désobéir et se révolter quand il est maltraité.

 

Ismène (horrifiée): Tu ne devrais pas dire cela, toi qui es fille d’un roi.

 

Antigone: Oui, je suis fille de roi, je l’avoue, je ne suis pas responsable des actes d’un père qui a tout de même tenté de réagir pour le mieux et le bien public!

 

Ismène: Mais c’est du suicide! Tu as de la chance que Créon ne t’aie pas encore tuée!

 

Antigone: C’est une chance d’être fille de l’ancien roi Œdipe mais c’est aussi un fait ; imagine le scandale: une fille de roi, de sang royal, tuée sans jugement alors même que ce tyran a déjà tué mon père sans jugement, ou sans une parodie de procès.

 

Ismène: Créon fait ce qu’il peut! Mets-toi à sa place!

 

Antigone: De toute façon le problème ne se pose pas, je ne suis pas à sa place, je n’ai pas obtenu le pouvoir absolu d’une république monarchique et ne peux point alors m’y mettre. Il ne peut pas être chef d’Etat, il n’est pas légitime! Seules les décisions votées par le peuple sont légitimes.

 

Ismène: Tu aurais voulu quoi? Diriger le pays?

 

Antigone: Et pourquoi pas? Nous devons tous être responsables de notre vie et nous réapproprier la démocratie et l’espace public.

 

Ismène (ulcérée): Impossible, c’est bien ce que je pensais! Tu es complètement folle !

 

La nourrice (calmant le jeu): Je vous en prie, ne vous disputez pas, discutez! Vous êtes sœurs, ne l’oubliez pas!

 

Antigone (la singeant gentiment): Et lui, c’était notre frère, ne l’oublions pas!

 

Ismène: C’était un étranger, pour notre patrie et pour nous, il ne voulait pas le bien pour notre pays!

 

Antigone: C’était tout de même notre frère. Pourquoi tant de mépris envers lui?

 

Ismène: Ce n’est pas du mépris, je ne suis pas de nature à pouvoir braver l’ordre de la cité. Et puis notre frère était un délinquant.

 

Antigone: Et un délinquant mériterait la peine de mort, peut être ? Tu devrais avoir honte de tolérer ce qui n’est pas tolérable! Il a tout de même tué ton père.

 

Ismène (gênée): C’était pour le bien de la patrie.

 

Antigone: Mais que te faudrait-il pour évoluer? Un choc?

 

Ismène: Tout le monde peut évoluer car avec Créon tout est possible, mais il faudrait que ce choc soit fort.

 

Antigone (prédicatrice): (ton grave) il le sera c’est promis! (ton normal) Sors maintenant, je dois parler à notre nounou.

 

Ismène: Bien! Je me retire mais sois vigilante.

 

Antigone: Quoi ? Est-ce des menaces?

 

Ismène: Non, mais certains racontent que des tueurs rôdent pour te tuer, certaines personnes du peuple ne veulent pas attendre la sentence de Créon.

 

Antigone: Tu parles du FN?

 

Ismène: Tu sais bien de qui je parle! Tu sais ce qu'ils sont capables de faire.

 

Antigone: Bien! Je serais vigilante!

 

(Ismène sort, après une révérence)

 

(Un temps).

 

Antigone: Ma chère nourrice…

 

La nourrice: Oui? Un café?

 

Antigone: Non merci, c’est mauvais pour la santé et accélère le rythme cardiaque.

 

La nourrice: Tu as raison! Bête que je suis! Ta défunte mère m’en voudrait d’être négligente à ce point.

 

Antigone (indulgente): Ce n’est pas dramatique. Je voudrais de demander…

 

La nourrice: Oui? Vas-y !

 

Antigone: Traite bien ma chienne s’il te plait ? Traite la bien, ne la frappe pas quand je ne serai plus là.

 

La nourrice (énervée): Quoi! Bien traiter cet animal qui ne fait que des cochonneries et chie partout.

 

Antigone: Oui, s’il te plait! Promet!

 

La nourrice: Bon! Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour te faire plaisir!? Je promets!

 

Antigone: Merci! Et puis promet aussi que tu lui parleras un peu.
La nourrice (interloquée): Quoi? Moi? Parler à une chienne! Mais! Je ne suis pas folle!

 

Antigone: S’il te plait ma petite nourrice, promet le moi.

 

La nourrice: Bon! Bon! Si cela peut te faire plaisir!

 

Antigone: Et puis, encore à propos de ma chienne. Je sais que tu es chinoise et que chez toi on mange les chiens mais s’il te plait, laisse-la en vie, protège-la et câline-la!

 

Nourrice (ironiquement): Bien que je sois chinoise, je n’ai jamais aimé manger du chien, c’est donc promis, en plus comme cela je pourrai faire un régime.

 

Antigone (affichant un sourire): Bon! Merci, bonne nourrice, sors maintenant, s’il te plaît.

 

(La nourrice sort après avoir embrassé Antigone sur le front)

 

Antigone: Bon! Maintenant, je dois aller accomplir ma destinée.
(Elle sort).

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