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resistanceetamour

Ceci est le blog d'un documentaliste révolté contre les injustices de notre société.

Partie 5 Les bonimenteurs.

Publié le 8 Juin 2015 par resistanceetamour in livres, politique, humour

Comment mentir longtemps jusqu’à la chute finale.


Mentir ne suffit pas, les citoyens ont une grande tolérance au mensonge. Qui se souvient qu’Arnaud Montebourg avait promis aux Fralibs de faire des « mesures exceptionnelles que personne n’avait jamais osé» pour lutter contre les patrons voyous d’Unilever dont les plans sociaux furent annulés trois fois par la justice ? Personne à part ces salariés !

Il est donc nécessaire pour que le mensonge soit efficace, qu’il soit choquant et répété. Quels sont les ingrédients du scandale parfait ? Contrairement à ce que pensaient Frédéric Bon et Michel-Antoine Burnier il ne doit pas forcément être flagrant. Par contre, il faut qu’il apparaisse, dès le départ, que les affirmations de l’homme politique étaient fausses et que l’homme politique persiste dans son mensonge jusqu’à la fin.

Comme le mensonge n’est pas apparu subitement aux yeux de tous, Jérome Cahuzac l’a répété suffisamment, et avec du cran, pendant quatre mois pour que tout le monde s’en souvienne. Il faut le remercier pour son talent. Ce qui a tué Cahuzac est plus la répétition du mensonge que sa révélation finale. Heureusement qu’il l’a fait car sinon la justice aurait pu l’oublier. François Hollande quant à lui a eu raison d’user Cahuzac jusqu’à la corde et de ne pas le lâcher tout de suite. Sinon le mensonge n’aurait pas impacté l’Elysée. François Hollande peut aussi remercier ses amis de Gauche de Médiapart qui lui ont rendu un grand service en révélant ce scandale et en insistant autant là-dessus.

Le scandale Cahuzac a assurément rempli toutes les conditions du mensonge parfait.

En décembre 2012, le site d'information en ligne vrauchiste Mediapart publie plusieurs articles affirmant que Jérôme Cahuzac a possédé un compte bancaire non déclaré en Suisse, à UBS. Le lendemain il affirme « les yeux dans les yeux » du député UMP Daniel Fasquelle qu'il n'a « jamais eu de compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant ». En faisant son Pinocchio devant la représentativité nationale – félicitons le, c’est une première – il aggrave son cas.

Le 19 mars 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire pour enquêter sur des soupçons de « blanchiment de fraude fiscale » et Jérome Cahuzac doit démissionner. Une semaine plus tard, il avoue enfin avoir eu un compte en Suisse. Pour permettre aux menteurs de démoraliser l’électorat progressiste, il faut distiller chaque jour le mensonge. C’est ainsi que l’on apprend que Jérome a fait ouvrir son compte en Suisse par un militant du GUD[1] proche de Marine Le Pen : Philippe Peninque.

Un député socialiste ami de 30 ans avec un fasciste, voilà un bon moyen de démoraliser sa base !

Le plus amusant dans la défense de Cahuzac, c’est la manière dont il essaie de relativiser son mensonge en taclant François Hollande qui aurait plus menti que lui "sur l'état de la France" puis en « avouant » avoir menti sur d’autres points : "On me dit que j'ai menti sur ma situation personnelle. Cela veut dire quoi ? Qu'il y aurait des mensonges indignes et d'autres qui seraient dignes ? Quand on ment sur ordre, et pour des raisons politiques, à l'Assemblée, est-ce digne ? À ce compte-là, j'ai menti devant l'Assemblée, sur la possibilité de réaliser 3 % de déficit en 2013." Tant de talent mérite récompense : il est assuré de ne plus jamais gagner et donc de perdre !

Le « Sarkopipobingo » tour.

Quand il a vu tant de mensonge de la part d’un socialiste. Nicolas Sarkozy a pris peur. Alors, pour déconsidérer son camp, le roi des bobards a organisé un « sarkopipo » tour où il répétait toujours les mêmes mensonges. Ainsi il a raconté en meeting que Jospin avait dit « à une dame qui avait peur dans le métro : Madame, vous n’avez pas peur, vous avez l’impression d’avoir peur.», ce qui est de pure invention. Malgré tout son talent pour perdre Jospin n’a jamais dit cette absurdité.

Dans sa grande magnificence, Nicolas Sarkozy n’a pas oublié de dire : « Je ne suis pas quelqu’un qui ment ».

Evidemment cette phrase, peu crédible, a donné envie aux journalistes de Libération de vérifier et de le suivre partout pour relever ses mensonges. Ils ont même créé un jeu à partir de ses mensonges : le Sarko Bingo.

Avec « cette longue litanie de mensonge », nul ne doute que Nicolas Sarkozy s’est déconsidéré dans son propre camp où il était autrefois majoritaire. Cela lui permettra de perdre la grande primaire présidentielle de la droite qui va bientôt être organisée.

François doit-il honorer ses promesses ?

Les promesses électorales font rêver, c’est pourquoi il faut en faire pour causer plus tard des désillusions au moment où elles seront abandonnées. Mais attention à appliquer les réformes nuisibles !

Les promesses à oublier tout de suite : droit de vote des immigrés et réforme bancaire.

Les mesures qui entrent dans cette catégorie sont celles qui pourraient avoir un impact positif sur la société ou sur le système capitaliste.

Le droit de vote des immigrés aux élections locales entre pleinement dans première catégorie. Elle pourrait avoir un effet positif car les maires tentés par le discours anti-immigrés ne pourraient plus les insulter sans se faire sanctionner. C’est donc une mesure saine si elle est appliquée. Cette mesure était en bonne place dans les 101 propositions de François Mitterrand en 81, il y a 35 ans. Au fur et à mesure que cette promesse fut repoussée, les français sont devenus dubitatifs sur son utilité. Le fait que cette disposition soit mise en exergue sans jamais être appliquée permet de faire monter le FN. Notons que Manuel Valls a participé à discréditer cette mesure en faisant semblant de se renier. Il déclare d’abord, en 2007 : « Cela fait des années que nous attendons que le droit de vote des étrangers aux élections locales soit reconnu. Une majorité se forme pour admettre que le droit de vote est au contraire un sas vers l'intégration. » Puis en 2012 dit : « Est-ce une revendication forte de la société française? Un élément puissant d'intégration? Non, tout débat qui crispe la société française en mettant l'étranger au cœur du débat est mauvais ». En disant tout et son contraire Valls fait coup double en se rendant impopulaire de ceux qui sont pour tout comme de ceux qui sont contre. Comble du bonheur, il n’a convaincu personne ! Pour continuer à fliquer ces immigrés et les personnes d’origine immigrée il fallait aussi oublier la promesse de donner un certificat d’identification aux policiers. Elle aurait permis la diminution des violences policières et la punition de leurs auteurs.

La séparation des banques d’affaires et de dépôt entre dans la seconde catégorie. Il s’agit d’une vraie réforme qui s’attaque au capitalisme. Elle permet d’éviter une nouvelle crise économique en laissant tomber les banques spéculatives quand elles ont trop joué, sans que des concitoyens perdent leur fric. Il ne faut donc pas faire cette réforme car les crises économiques sont très importantes pour démontrer l’incompétence des décideurs.

Au lieu de couper les banques en deux, le pouvoir socialiste a fait une réforme bancaire timorée. Celle-ci propose que les établissements financiers isolent dans une filiale les activités les plus risquées. Cela concerne moins d’1% de leurs activités. De fait, les banquiers ont soutenu cette réforme. En effet, François Pérol (président chiraquien de Banque populaire Caisses d'épargne) a déclaré que c’était « une bonne réforme » et le banquier socialiste Jean Peyrelevade : « La réforme bancaire est un bon début ». Ainsi avec cette réforme François a pu montrer qu’il était du côté des banquiers.

Les promesses qu’il faut essayer de tenir dans une première étape pour ensuite les abandonner de façon spectaculaire : encadrement des loyers, taxe de 75%.

Il faut ranger dons cette catégorie toutes les réformes symboliques, tant aux yeux de l’opinion que des militants. Le gouvernement PS a réussi à le faire à plusieurs reprises depuis le début du quinquennat de François Hollande.

D’abord le gouvernement a fait voter l’encadrement des loyers puis l’a supprimé quand les Verts furent chassés du gouvernement alors que la loi n’avait pas encore été appliquée. En faisant cela Manuel Valls énerve à la fois Cécile Duflot qui vient de sortir du gouvernement, Martine Aubry qui veut l’appliquer pour Lille, les militants de gauche de Droit Au Logement ou encore avec la Fondation Abbé Pierre. L’abandon de l’écotaxe a lui aussi permis de se fâcher avec tous les militants écologistes. La clairvoyance de Manuel Valls doit ici être applaudie.

L’autre promesse importante qui a été abandonnée fut la farce des 75%. D’autant que, grâce à la censure des vieux politiciens conservateurs maquillés en Sages du conseil constitutionnel, sa version n’a rien à voir avec celle de départ. Une fois déduite les cotisations sociales, son taux était en fait de 50%. Elle est bien timorée mais peu importe : c’est une mesure symbolique, il fallait donc la supprimer. Comble du bonheur, Manuel Valls a confirmé cet abandon devant la City sidérant une fois de plus ces propres militants. Malheureusement les adhérents socialistes qui ne lisent pas l’anglais n’ont pas compris que « my governement is pro-business » est une adoration de la magouille financière bien pire que « j’aime l’entreprise ». On peut à peine regretter que cette farce mise en valeur pour empêcher toute réflexion sur la CSG progressive fut prétendument appliquée pendant deux ans.


Les promesses qu’il faut mettre en œuvre le plus tôt possible : règle des 3%, réforme scolaire et conférence sociale, réforme des retraites.

Les promesses qu’il faut retenir sont plus souvent des REFORMES que des promesses. Elles ont un minimum d’effets positif et un maximum d’impacts négatifs.

Nous avons déjà évoqué l’application de la règle des 3%. Il s’agit de l’une des mesures qu’il faut appliquer tout de suite. En effet, la réduction des déficits a pour effet d’aubaine de casser la reprise économique en temps de crises. Pourquoi s’en priver ? Ce serait bien irresponsable !

La réforme de retraites en fait partie : la bonne intention de ramener la retraite à 60 ans se transforma en allongement de la durée de cotisation alors que l’espérance de vie en bonne santé recule.

Il faut à cela rajouter deux autres exemples : la réforme solaire et la conférence sociale.

La réforme scolaire n’apparait pas tout de suite comme une réforme inutile, l’élargissement du temps scolaire peut avoir, horreur, des effets positifs. En effet il permet d’avoir des temps d'apprentissage plus réguliers. De plus le périscolaire est sain pour le développement de l’enfant. Mais en votant cette loi le gouvernement PS a fait confiance aux mairies de droite pour ne pas l’appliquer et a même fait un décret tuant sa propre loi. C’est ainsi que Jean-Claude Gaudin peut concentrer le périscolaire en garderie du vendredi après-midi. Comme le parent d’élève n’est pas capable de décerner qui est responsable, il sanctionne les deux camps.

La conférence sociale elle aussi n’est pas forcément négative. Tout dépend de ce qu’il y a dedans : c’est là où on a vu tout le talent de François Hollande et de Manuel Valls. Ceux-ci n’ont pas aidé les syndicats dans le rapport de force engagé avec le Medef. Ils ont même menacé de faire une loi s’il n’y avait pas d’accord sans en dire le contenu. Du coup les syndicats préférés du MEDEF : CFTC[2], la CFE-CGC[3], et la CFDT[4] ont signé en rase campagne tout comme les deux autres. Soulignons ici la persistance du gouvernement. Le "pacte de responsabilité" est devenu minoritaire puisque la CFE-CGC a retiré sa signature ? Peu importe ! Il en a conclu qu’il fallait quand même le faire.

Faire le contraire de ce que l’on dit.

Comme l’ont déjà expliqué nos prédécesseurs : Fréderic Bon et Michel Antoine Burnier dans Que le meilleur perde, éloge de la défaite en politique : « Il existe deux techniques pour dissimuler son orientation politique. […] La première consiste à dire que l’on suit la même politique alors que l’on vient d’en changer. La seconde est d’assurer que l’on a changé de politique alors que l’on poursuit toujours la même »[5]

François Hollande a quant à lui choisit la première solution : il a changé de ligne dès le début de son mandat et prétendu ne pas l’avoir changée. Ainsi il a clamé que sa ligne est social-démocrate alors qu’elle n’est même pas social-libérale. Autant dans la social-démocratie que dans le social-libéralisme, il y a une idée de compromis avec le patronat. Or le patronat n’a pour l’instant fait aucune contrepartie. Il n’y a rien de social dans la politique de François Hollande, elle est tout simplement néo-libérale ! Evidemment les militants qui croyaient naïvement que François Hollande allait lutter contre la finance sont chaque jour plus déçus que le précédent de ce changement de ligne. Le changement de ligne c’est maintenant !

Comble du bonheur, l’électorat de droite, forcément de mauvaise foi ne votera pas pour lui. Comme me le disait cette dame UMP sarkozyste chez mon kiosquaire : « il fait notre politique mais mal ! » Quelle victoire !

Nous devons aussi féliciter François Hollande pour avoir dit en 2006 : « Le 49-3 est une brutalité, le 49-3 est un déni de démocratie, le 49-3 est une manière de freiner ou d'empêcher le débat parlementaire ». Il savait bien à l’époque qu’il arriverait un jour au pouvoir et qu’il devrait alors se renier en utilisant le dit 49-3. Un tel esprit de prévoyance mérite d’être récompensé par une défaite titanesque.

Nicolas Sarkozy avait appliqué la seconde stratégie. Il avait fait campagne sur la « Rupture Tranquille » autrement dit sur le changement en espérant que les Français n’en voudraient pas. Elu triomphalement sur ce thème, il continue la même politique conservatrice que ses prédécesseurs tout en prétendant toujours être dans la « Rupture ». Evidemment, cela lui a permis de décevoir tout le monde.

Exercices.

I. Rébus

Retrouvez cette déclaration de Nicolas Sarkozy.

Partie 5 Les bonimenteurs.

Corrigé

La go CHE mai dès jus pot Zan faon

La gauche met des jupes aux enfants.

Retrouvez cette déclaration de François Hollande

Partie 5 Les bonimenteurs.

Mont add verre serre sept le monde delà fine ance

Mon adversaire, c’est le monde de la finance

II.

Deux ÉNORMES BOBARDS se sont glissés dans la déclaration suivante du Parti «Socialiste». Sauras-tu les retrouver?

« Nous œuvrons pour la justice sociale. Nous voulons transformer la société au service du plus grand nombre. »

Réponse

Si vous croyez que le PS œuvre pour la justice sociale et veut transformer la société c’est que vous avez voté Hollande. Dans ce cas, relisez le chapitre précédent.

III.

Qui a prononcé le discours suivant ?

Le déficit public de la France a été ramené […] de 5,3 % à 4,8 % du PIB […] la première difficulté rencontrée pour parvenir à relever ce défi, c’est de composer avec la « schizophrénie du français » qui demande des résultats […] immédiats, mais sans toucher à la défense, à la famille, à l’éducation […] Il faut que les français « schizophrènes » se rendent compte [que] ces démarches […] [nécessitent] du temps […] pour [avoir des résultats] et redresser les dépenses de la France. […] Il faut également […] faire assimiler ces nouvelles mesures à ceux qui s’y opposent […]

« […] L’effort en profondeur dans la durée et dans le bien du pays est la seule voie. […] Il faut […] restaurer la confiance […] entre l’ensemble des acteurs. [ …] Nous sommes une société mature mais averse au risque où l’entreprenariat est insuffisamment considéré et où règne l’anarcho-syndicalisme. La clé de notre politique doit être de rétablir la confiance et de changer ces rapports de forces. […]

a/ Giscard en 1975.

b/ Barre en 1980.

c/ Nicolas Sarkozy en 2007.

d/ Pierre Gattaz, le patron des patrons du Cac 40 en 2012.

c/ Emmanuel Macron en 2013

Réponse.
Réponse c/ évidemment, celui qui était encore à l’époque Secrétaire Général adjoint à la Présidence de la République a prononcé ce discours devant le comité Ethic du MEDEF le 3 juillet 2013.

[1] Groupe Union Défense, frange la plus radicale de l’extrême droite.

[2] Annexe chrétienne de la CFDT

[3] Le syndicat corporatiste des cadres qui se permet de signer des accords pour tout le monde.

[4] Con-Fédération Des Traites

[5] Op.cit Que le meilleur perde, Eloge de la défaite en politique Fréderic Bon et Michel Antoine Burnier.

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