Les affaires sont un élément essentiel de la vie politique. En plus d’installer tout un bataclan à l’intérieur d’un parti elles ont pour avantage essentiel d’apporter des ennuis même aux politiques qui ne sont pas concernés. François a bien compris leur intérêt. Aussi, pour que l’on voie enfin toutes les casseroles de son parti, il a décidé de mettre en place la transparence de la vie politique. Seulement, il n’avait pas imaginé qu’en faisant cette loi, il ouvrirait aussi une boite de pandore chez ses adversaires politiques. Le fait que l’UMP Gilles Carrez, président de la commission des finances de l’assemblée nationale, se fasse piéger par sa propre loi et doive subir un redressement fiscal, en est un symbole.
Comment faire des scandales en cascade : le cas du PS.
L’électorat avait voté contre Sarkozy car celui-ci était un maître du scandale. Pour se déconsidérer et montrer qu’il n’est pas différent, le PS s’est impliqué dans toute une série de scandales. Il a appliqué la maxime prêtée à Charles Pasqua par Noël Pons et Jean-Paul Philippe dans 92 Connection : « quand on n’est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. » [1]
Nommer des magouilleurs ministres.
La première étape de cette cascade de scandales est de nommer ministres des fraudeurs du fisc. C’est ainsi que Jérome Cahuzac a été nommé ministre du budget. Nommer quelqu’un qui a un compte en Suisse, ministre du Budget pour gérer les finances, quelle bonne idée ! A l’occasion de la chute de ce chirurgien capillaire on découvrira par bonheur qu’il avait travaillé depuis des décennies pour les lobbies pharmaceutiques. François Hollande a ensuite nommé Thomas Thévenoud au Secrétariat Au Commerce alors que l’Etat savait que ce dernier ne payait plus ses impôts ni son loyer depuis trois ans, sans se faire expulser, chose donc seuls les puissants sont capables. Lorsque François Hollande découvrit que Jean Marie Le Guen et Yamina Benguigui avaient fraudé sur leur déclaration du patrimoine, il ne vira que la seconde. Ainsi il renforce l’inégalité homme/femme et ouvre la fois à des rumeurs.
Enfin le cas de Kader Arif est une action à montrer dans toutes les écoles d’hommes politiques. L’Elysée avait été prévenue par Médiapart que la région Midi Pyrénées contrôlée par son ami Martin Malvy mettait en concurrence les sociétés de son frère, de sa belle-sœur, de son cousin et de son neveu. François Hollande a attendu qu’il fasse la même chose au secrétariat des anciens combattants pour penser à le virer et la révélation de la perquisition pour le faire. Il a bien fait car sinon l’affaire Arif n’aurait pas impacté l’Elysée, cela aurait été dommage !
Aquilino Morelle : le bourgeois gentilhomme.
François Hollande a aussi eu l’intelligence de s’entourer de toute une clique de conseiller corrompus. Si certains comme Faouzi Lamdaoui, suspecté d’abus de bien social, sont partis d’une manière regrettablement discrète, la médiatisation de l’affaire Aquilino Morelle a dépassé toutes les espérances. En avril 2014, cette plume de François Hollande est prise dans une affaire de conflit d’intérêt. Alors qu’elle était inspecteur de l’inspection générale des affaires sociales chargé de contrôler les lobbies, elle effectuât des missions de consultant pour un laboratoire pharmaceutique.
Mais le mieux ne fût pas le scandale en lui-même. Ce fut la révélation de ce personnage. L’image d’un socialiste se faisant cirer les pompes par un pauvre petit cireur de chaussures a grandement joué dans l’imaginaire commun des pauvres qui ont pu les voir pour ce qu’ils sont : une clique aristocratique. Le PS devrait remercier Aquilino Morelle qui n’a pas démérité dans son action !
Le plus stupéfiant est que pour se défendre cet olibrius compara son éviction répondait à une « logique de purification ethnique » en la comparant avec le génocide du Rwanda[2] et en affirmant avoir été liquidé par la « Tcheka[3] Hollandienne ».
« L’affaire Jouyet » : l’affaire qui n’en est pas une mais en devient une.
Il n’est pas choquant, que le secrétaire général de l’Elysée reçoive des hommes politiques et recueille leurs doléances. C’est même son métier ! L’ « affaire Jouyet » n’en est donc pas vraiment une. Pourtant, les amis de gauche de François Hollande, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, du journal Le Monde ont mis cette affaire en exergue. Ils avaient intérêt à le faire, cette polémique stérile a permis aux médias d’évacuer le fond de leur enquête : douze affaires contre Nicolas Sarkozy. Ils ont réussi à mettre en valeur, dans la préface, un évènement mineur qui sert Nicolas Sarkozy. En effet, il peut dorénavant accuser de collusion la gauche et son rival François Fillon.
Le diner de cons Fillon-Jouyet a pour avantage de montrer l’inimitié entre ces deux personnages qui sont copains comme cochon. Elle met en valeur le triomphe de l’oligarchie au pouvoir. Soulignons aussi le talent de Monsieur Taittinger : en démentant que l’ex-premier ministre ait tenu les propos en question, puis en avouant que cette scène était réelle, il a permis que le feuilleton s’étale sur une semaine désastreuse.
Nommer quelqu’un qui ne pourra pas les gronder à la tête du PS
La dernière étape de la mise en place du scandale au PS fût de mettre à la tête même du PS un notable condamné dans l’affaire de la MNEF : Jean Christophe Cambadélis. Il ne peut pas donner de leçons de morale, c’est pour cette raison qu’il y est nommé. Le parcours de cet illettré notoire est décrit dans le livre de l’illustre confrère Laurent Mauduit : A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient. Suite aux polémiques de cet ouvrage sur ses diplômes, ce cher Camba nous a appris sur son blog qu’il a « obtenu une dérogation de l’Université Paris VII-Jussieu » pour s’inscrire en maitrise « dans le cadre d'une inscription sur compétences acquises » et qu’il a ensuite obtenu une « dispense de maitrise ». En montrant des dispenses que seul un ex-président de l’UNEF peut avoir grâce à ses amitiés politiques, il nous a confirmé qu’il était bien un aigre-fin.
Sarkozy : un scandale par jour.
En voyant toutes les bombinettes qui tombaient sur le parti socialiste la droite a voulu rappeler que ses dirigeants étaient les maîtres du scandale. Elle a donc mis à sa tête Sarkozy le maudit. Bien que n’étant plus au pouvoir, celui-ci était concerné par une dizaine d’affaires suscitant chacune des scandales différents. Nous ne parlerons ici que de trois pour ne pas nous répéter.
La première vieille affaire est celle de Karachi. Il est suspecté d’avoir donné son accord pour verser de l’argent à des agents publics pakistanais lorsqu’il était ministre du budget de Balladur pour lui permettre de toucher des rétro-commissions. Une fois président, pour relancer l’affaire, il a prétendu qu’il n’apparaissait « dans aucun des éléments du dossier ». En faisant cela il savait qu’il allait être suspecté de violation du secret de l’instruction. Hélas cette affaire reste bloquée par le secret d’Etat et n’avance pas au rythme auquel il le voudrait.
Sarkozy a aussi été incriminé d’abus de faiblesse envers Madame Bettencourt. Voir le président de la république agresser une vielle dame dans la rue, voilà une image symbolique pour l’électorat de droite. Les juges lui accorderont généreusement un non-lieu. En effet, s’il n’y a pas abus de faiblesse, on voit bien dans l’ordonnance du non-lieu qu’il y a financement illégal de son parti. Mais comme le délai de prescription a été dépassé, il n’a pas pu être condamné.
Mais une affaire peut en cacher une autre. En effet, lors de sa mise en examen dans l’affaire Bettencourt il a fait appeler son avocat, Maitre Herzog, monsieur Azibert, magistrat à la Cour de Cassation et a lui-même échangé avec un autre téléphone sous un faux nom, Paul Bismuth. Pour attirer la suspicion des juges, il fallait bien cela. Nicolas Sarkozy est donc soupçonné de trafic d’influence et mis en examen pour cette raison. En échange d’info il a en effet pistonné ce magistrat pour un poste à Monaco.
Le mieux, ce ne fut pas tous ces scandales mais leur longue répartition dans le temps et l’habilité de Nicolas Sarkozy à jurer de revenir à chaque fois, suggérant qu’il revenait pour l’immunité. Il montre ainsi qu’il revient pour se protéger tout comme son copain Berlusconi qui revint 2 fois au pouvoir pour se faire voter des amnisties. Sarkozy gagnera-t-il sa course de vitesse avec les juges ou aura-t-il une condamnation qui entrainera son retrait définitif et obligatoire de la politique ? Le suspens est à son comble, une chose est sure Sarkozy est le meilleur pour disqualifier la droite. Les militants l’ont bien compris, c’est pour cette raison qu’ils ont voté pour lui à 65%
Exercices.
I.Questions
1/ Vous êtes soupçonnés d’avoir fait écouter Nicolas Sarkozy. Un Spin Docteur (conseiller en communication) vous conseille d’agiter des feuilles sans les lire. Que faites-vous ?
a/ Vous citez Léopold Sédar Senghor.
b/ Vous répondez par un poème d’Aimé Césaire.
c/ Vous suivez son conseil, c’est une très bon façon de vous décrédibiliser.
Corrigé.
Réponse c/ évidemment.
2/ Un journaliste vous pose une question sur le tintamarre que font vos casseroles. Que faites-vous ?
a/ Vous lui demandez de vous prêter deux neurones.
b/ Vous l’agressez publiquement.
c/ Vous le traitez de pédophile.
d/ Vous répondez : ce sont des accusations abracadabrantesques.
e/ Vous souriez et vous ne répondez pas à la question.
Corrigé.
Réponses a/, b/ et c/
II. Rébus.
Retrouvez cette déclaration d’Aquilino Morelle