Ressortir les vielles marmites.
Il n’y a pas de pire danger que le rajeunissement du personnel politique. Conserver les vieux croutons est essentiel car ce rajeunissement peut, horreur, rendre populaire. On l’a bien vu lors de l’élection de Barack Obama. En face les républicains n’ont pas hésité à mettre des vieux croutons qui se sont servis de leur expérience pour perdre. En mettant ce jeune qui était nouveau dans le paysage politique, les démocrates ont fait une terrible erreur et ils l’ont bien compris aujourd’hui. Lors des prochaines élections on pourrait avoir un nouveau duel Bush/Clinton ce qui serait un très beau signe de renouvellement de la vie politique.
En France, on sait aussi bien utiliser les vielles marmites. Leur utilisation est souvent perspicace :
L’UMP sort toujours Simone Weil et Giscard de leurs tombeaux à chaque élection. L’UMP a longtemps laissé Jacques Chirac à sa tête. Comble du bonheur la droite pourrait bien mettre à sa tête en 2017 un homme de 70 ans condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.
Et si ce n’est pas lui, ce sera Nicolas Sarkozy qui a déjà été président et qui apparait comme carbonisé aux yeux de nombreux français.
Le PS n’est pas en reste, lui non plus dans le non-renouvellement de la vie politique. Depuis 2012 il n’a pas hésité à ressortir ses vieux croutons. Les socialistes ont eu le culot de mettre Lionel Jospin à la tête de la commission « de rénovation de la vie publique ». Comme le disait si bien une grande figure du mouvement socialiste, Georges Clemenceau: «Si vous voulez enterrer un problème, créez une commission». François Hollande ensuite nommé Lionel Jospin au cimetière des éléphants du conseil constitutionnel. Enfin n’oublions pas que Ségolène Royal, Michel Sapin ou Laurent Fabius, membres du gouvernement Valls, étaient déjà ministres sous François Mitterrand.
Le Front De Gauche sait lui aussi utiliser les vieux croutons. Il lui suffit de sortir les militants du Parti Communiste dont la moyenne d’âge est de 70 ans. Les verts ne sont pas non plus en reste avec José Bové et Daniel Cohn-Bendit.
Enfin, le Front National se normalise puis qu’il n’hésite pas à maintenir un très vieux crouton xénophobe, raciste et antisémite à sa tête, comme président d’honneur.
François Hollande, le mariole.
Pour devenir impopulaire, il ne suffit pas de faire une politique impopulaire. Les gens peuvent croire à tort ou à raison, mais surtout à tort, que l’homme politique n’a pas d’autre choix que de l’appliquer. Beaucoup d’électeurs de François Hollande croient naïvement que celui-ci a fait ce qu’il a pu. Il faut trouver d’autres manières de se déconsidérer à leurs yeux. Faire le mariole est donc nécessaire.
Pour se rendre ridicule François Hollande envoie d’abord ses ministres poser dans Le Parisien Magazine. C’est pour cette raison que l’on a vu l’égérie du « Made In France », Arnaud Montebourg en marinière puis Laurent Fabius en Monsieur Météo dans ce journal.
De même, qui peut croire que l’épisode Julie Gayet est un hasard fortuit ? Cette histoire d’un président roulant en scooter en étant à peine protégé est assez rigolote et porte à la caricature.
Le fait que François Hollande réussisse à se faire prendre en Photo avec Julie Gayet d’abord par Closer puis par Voici est exceptionnel. Soit il y a une faille dans la sécurité du président, ce qui est peu probable. Soit c’est délibéré de la part de François Hollande pour faire replonger sa côte de popularité.
Enfin pour apparaitre comme un mariole François Hollande n’a pas hésité à multiplier les petites blagues qui sont naturelles chez lui. C’est un atout que peu d’hommes politiques ont, il a raison de le cultiver.
Ces blagues ont aussi pour avantage de produire des couacs. Quand Monsieur Petites Blagues déclare sur le ton de la plaisanterie devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) : « Monsieur de ministre de l'Intérieur, qui va nous quitter peut-être pour aller en Algérie? Il en revient ? Sain et sauf, c'est déjà beaucoup », il sait bien qu’il va provoquer un incident avec la clique de Bouteflika avec laquelle nos relations diplomatiques sont « compliquées ».
Multiplier les couacs
Les couacs sont très importants. Ils permettent en même temps de décrédibiliser le gouvernement et de le rendre impopulaire. Il faut qu’ils se répètent souvent pour donner une impression de désordre. Le fait que des membres du gouvernement ne soient pas d’accord entre eux fait désordre. Cela leur permet d’illustrer leur incompétence. L’astuce pour renforcer l’impression selon laquelle ils sont incompétents est promettre à chaque couac que « les couacs c’est fini » et que désormais « ça va filer droit ». Cet élément de langage et tellement incongru que personne n’y croit. D’ailleurs, c’est immédiatement démenti par la réalité.
Pour prouver dès le départ que les couacs vont continuer il faut promouvoir un producteur de couacs à la tête d’un gouvernement anti-couac. Le duo Valls-Duflot, qui se déteste tant, a fait des merveilles de couac. Ils se sont opposés sur le droit de vote des immigrés aux élections locales, puis l’intégration des Roms. Manuel Vals a donc été récompensé en étant nommé premier ministre. Cette nomination lui a permis de démontrer sa totale incompétence qui avait été peu remarquée par les politologues et autres fainéants intellectuels lors de son passage au ministère de l’intérieur. Il n’a pas hésité à s’entourer de provocateurs de couac tels Macron et Royal.
Nommer Ségolène Royal ministre est en effet excellent ! Ségolène est une très bon provocatrice de couacs en tout genre puisqu’elle sait empiéter sur les prérogatives de ses petits camarades. Elle profite de son statut d’ex-compagne pour ne pas respecter les règles. En annonçant unilatéralement l’abandon de l’écotaxe Ségolène a très vite provoqué son premier couac. Ségolène a aussi proposé «une gratuité [des autoroutes], par exemple le week-end». Cette proposition, anti écologiste au possible a vite permis à Manuel de la contredire en disant : « c’est une éventualité qu'il ne faut pas envisager».
Quand il était au gouvernement Montebourg a, on l’a vu, dans son rôle de franc-tireur provoqué de nombreux couacs avec les verts et avec Jean-Marc Ayrault. Jean-Marc n’aura pas non plus démérité en contredisant François Hollande sur la pause fiscale.
Prétendre que l’on est exemplaire alors qu’on ne l’est pas
Les hommes politiques honnêtes sont peu visibles alors qu’ils sont majoritaires. Ils préfèrent souvent se cacher et laisser la place à leurs collègues qui ne le sont pas. Ils les pensent plus à même de perdre les élections. Le problème de cette stratégies est, on l’a vu, que les pervers corrompus finissent par gagner.
Il faut donc trouver un autre moyen pour se rendre impopulaire puisque celui-ci ne marche plus. Le meilleur moyen est de se prétendre exemplaire alors qu’on ne l’est pas, cela permet d’augmenter l’impopularité de l’ensemble.
A Droite, Jean François Copé le prétend chaque jour malgré ses liens avec les dirigeants de Bygmalion visible comme un nez au milieu de la figure. En répétant « Je n'ai jamais menti. Mon honnêteté est totale. », il suggère que le contraire est possible et ainsi il se rend impopulaire. Nous pourrions aussi citer le cas Éric Woerth malheureusement dédouané par son ennemi intime : Jérôme Cahuzac.
Au Parti Socialiste, Thomas Thévenoud se prétendait, lui aussi exemplaire. Ce député était vice-président de la commission Cahuzac. Celui-ci ne manquait pas une occasion de s’attaquer aux fraudeurs du fisc et avait déclaré : « On n’est pas tous des Cahuzacs ». Notons qu’il s’est flingué lui-même en votant la loi sur la transparence de la vie politique. En effet, c’est la Haute autorité pour la transparence de la vie publique créé par cette loi et présidée par Jean Louis Nadal qui dénoncé le fait qu’il ne payait pas d’impôts depuis trois ans. Ainsi Thomas Thévenoud n’est resté que 9 jours secrétaire du commerce extérieur et a très vite rejoint l’opposition dans laquelle il se complait.
Frapper les pauvres, exonérer les riches.
Nos prédécesseurs Frédéric Bon et Michel-Antoine Burnier suggéraient que pour perdre sa popularité il fallait frapper les riches et exonérer les pauvres. Ils ont tort ! François Hollande ce génie politique, a réussi à passer de 60% d’opinions favorables à 13% en frappant les pauvres et en exonérant les riches.
Pour exonérer les riche François Hollande a d’abord supprimé la taxe de 75% qu’il avait lui-même installée. Ensuite il a exonéré les entreprises du CAC 40 de cotisations sociales, dont Total qui ne paie pourtant d’impôt en France. François Hollande a fait cette mesure pour flatter la famille Taittinger, dixième fortune de France, puis a exclu Filoche qui l’avait insultée.
Enfin François Hollande a renoncé à mettre le seuil de l’ISF à 800.000 euros en France, n’annulant pas la baisse d’impôt de Sarkozy. Comme le fait remarquer l’éminent confrère Laurent Mauduit : « Relevons le fait qu’il y a un contribuable qui n’a pas à se plaindre de ce choix : François Hollande lui-même »[1]. En montrant qu’il fait partie des riches qu’il disait ne pas aimer il se déconsidère chez les pauvres.
Par contre François Hollande a frappé les pauvres qui sont beaucoup plus nombreux. Il a supprimé le programme M’T Dents qui permettait une prise en charge gratuite et régulière des enfants aux visites dentaires en milieu scolaire alors que ce programme marchait très bien, il faisait même faire des économies à la sécurité sociale grâce à ces méthodes de prévention. Les sans dents c’est maintenant !
Les autres mesures qui ont contribuées a cette impopularité fut la hausse de la TVA et le report de la revalorisation des prestations sociales qui frappent massivement les catégories sociales les plus pauvres.
Pour renforcer cette impopularité, il fallait bien que Macron traite les salariées de Gad d’illettrées et que Rebsamen déclare qu’il faut renforcer les contrôles sur les chômeurs.
Les apparitions publiques et les décorations.
François Hollande n’a pas organisé de grandes fêtes ni multiplié les apparitions à la télévision. Il a réussi à se brouiller avec les hebdomadaires de ses amis de Gauche, Marianne et le Nouvel Obs, mais cela ne mérite pas une chapitre à part entière. Par contre, il a respecté son engagement de multiplier les Conférences de Presse. Ces conférences n’ont servi strictement à rien et ont ennuyé profondément l’ensemble des Français.
François Hollande n’a pas oublié de multiplier les commémorations des deux guerres mondiales pour tenter d’acquérir une posture de pépère de la Nation. II n’a pas hésité à faire ces apparitions publiques sous la pluie et de consulter Météo France pour savoir quand et où il pleuvait. Ainsi il a donné l’impression qu’il amenait la pluie partout où il passait même au Maroc. Il a théorisé ça en disant : « gouverner c’est pleuvoir », ce qui l’a élevé à la hauteur du Général de Gaulle.
Pour renforcer son impopularité ce cher François a montré devant tous les Français qu’il aimait l’or. Ainsi il a inauguré la fondation Louis Vuitton pour montrer qu’il aime les ors du capitalisme triomphant. Puis il a montré qu’il aimait les ors de la république en remettant publiquement à Valls les insignes de grand-croix de l'ordre du Mérite. En rendant publique une cérémonie d’habitude privée il a suscité des réflexions venant de militants de gauche telles que : « Voilà qu’ils se décorent entre eux maintenant ».
Réveiller les intellectuels de droite et gauche : une nécessité absolue.
François Hollande sait que les intellectuels de Gauche et de Droite ont de l’influence dans les médias qui créent l’opinion.
Il était important de réveiller les fascistes de droite comme Éric Zemmour en créant les ABCD de l’égalité et le mariage pour tous. Ceux-ci ont mordu à l’hameçon et se sont précipités sur les plateaux télés pour pérorer que la gauche fait « la théorie du genre ». Ainsi ils ont inquiétés de milliers de parents d’élèves d’habitude navrement apolitisés.
Pour se fâcher avec les intellectuels de gauche, François Hollande a organisé sciemment une réforme fiscale inverse de ce qu’ils proposaient. Ainsi il se fâche avec Thomas Piketty, pourtant proche du PS, qui a formulé l’idée courageuse de la CSG progressive. Il n’a jamais était reçu par les conseillers de François Hollande, alors qu’aux États-Unis il a pu rencontrer le secrétaire au trésor. Ainsi quand il a proposé la légion d’honneur à cet économiste, François savait très bien qu’il allait refuser. Piketty lui-même l’explique dans le Journal Le Monde : « Ils peuvent légitimement se douter que je n’ai pas particulièrement envie d’être décoré par eux ». La dénonciation de cette volonté de perdre du politique est savoureuse.
François a ensuite finalisé le Grand Marché Transatlantique (GMT) avec les États-Unis dont l’objectif est de mettre les mêmes normes ce qui vous permettra, oh bonheur suprême, de manger du poulet lavé à la javel. Ce GMT propose aussi de mettre fin à l’exception culturelle. Ainsi François Hollande a énervé de nombreux intellectuels de la culture qui votent d’habitude pour lui tel Jean Pierre Thorn et Philippe Torreton.
Les intellectuels de la gauche de la gauche, tels Badiou et Onfray, n’ont pas hésités à déclarer que François Hollande fait partie de la gauche qui consent au capitalisme. Plus étonnant, François a réussi à exaspérer à la fois une figure du socialisme et un intellectuel : Pierre Joxe est censé être de son bord puisque social-démocrate.
Exercices
I.
1/ Quel est le surnom de François Hollande ?
a/ Fraise de bois.
b/ Flamby
c/ Monsieur petites blagues
d/Pépère
Corrigé.
Quelle que soit votre réponse, vous avez bien répondu.
2/Quelles blagues sont de François Hollande ?
a/ Nous devons laisser l'Eglise catholique déterminer comment elle entend organiser cette succession. Et nous ne présentons pas de candidat.
b/ Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, gouvernement strictement paritaire, non, il ne l'est plus car hélas un membre nous a présenté sa démission et nous ne l'avons pas remplacé ce qui fait qu'il y a aujourd'hui plus de femmes que d'hommes. Mais ce n’était pas le but.
c/ Je crois en un retour de Nicolas Sarkozy mais menotté.
d/ « [Le retour de Nicolas Sarkozy] est une bonne nouvelle pour la gauche parce que le temps du tous contre le PS s'achève ».
Corrigé.
La réponse c/ est bien trop cinglante pour être de François Hollande. Elle est d’Arnaud Montebourg
d/ ça aurait pu être de François Hollande mais c’est de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS.
II.
Complétez la phrase suivante :
1/ Pour régler un problème créez …
a/ Un sondage
b/ Une commission
c/ Une blague
Corrigé.
b/ Cette citation est de Georges Clémenceau.
III.
Qui a fait le commentaire suivant sur Thévenoud ?
« Nos cas ne sont pas similaires. Moi, j'avais une chance que mon histoire ne soit jamais connue. […] Thévenoud, lui, a reproduit la même faute chaque année, pendant trois ans, et il n'y avait aucune chance pour que ça ne se sache pas.
a/ Patrick Balkany.
b/ Jean-Noël Guérini
c/ Sylvie Andrieux
d/ Alain Belviso
e/ Jean-Marie Le Pen
f/ Jérome Cahuzac
Corrigé.
Les six auraient pu le dire mais c’est bien Jérôme qui a donné des conseils de bandits à Thomas. Réponse f/.
[1] Op.cit A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient Laurent Mauduit p190-191