Frédéric Bon et Michel Antoine Burnier écrivaient qu’il fallait tricher aux élections locales pour perdre avec retentissement en prenant l’exemple du PCF.
Hélas les fraudes ne marchent plus. Les citoyens ont enfin compris que ceux qui trichent, ceux qui sont corrompus, sont les seuls à vouloir le pouvoir et ils le leur donnent tout naturellement. Un tel intérêt pour garder le pouvoir mérite récompense ! Ces pervers sont réélus !
On a pu voir ce phénomène à Corbeil où Serge Dassault qui dilapide sa fortune en achetant ces électeurs est toujours le baron de la ville. Un autre exemple est Perpignan où le maire qui avait fait la fraude à la chaussette[1] a été réélu.
Pour ceux qui sont corrompus on peut citer le cas de Jean-Noël Guérini qui a mis le PS à terre aux sénatoriales et aux cantonales.
Les condamnations n’interdisent plus les retours en politique : c’est ainsi qu’un personnage comme Balkany a pu être réélu malgré de nombreuses condamnations. Autre exemple : Alain Juppé, condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris pourrait bientôt devenir président de la république.
Comme la fraude ne marche plus pour perdre, il faut trouver d’autres moyens.
Se faire invalider les comptes de campagne.
La première solution pour que l’opinion publique soit frappée par les circonstances de la défaite est de se faire invalider les comptes de campagne. C’est un très bon moyen de prouver votre incapacité à gouverner. Si vous n’êtes même pas capable de gérer les comptes de votre parti, comment pourriez-vous gérer ceux de la France ? On se souvient que messieurs Chirac et Balladur qui avaient prévu leur victoire ont tout fait pour l’éviter. Pour y arriver ils ont fait financer de manière illégale leur campagne de telle manière que même les timorés rapporteurs du conseil constitutionnel s’en sont aperçus. Hélas Monsieur Mitterrand avait pris ses précautions et mis un de ses amis : Roland Dumas à la tête du conseil constitutionnel. Ce dernier n’a pas voulu prendre le risque d’une nouvelle élection que ses amis du Parti Socialiste auraient pu gagner. Il a donc choisi de valider ces comptes malgré les évidences.
A l’UMP la défaite était assurée depuis fin 2011, il fallait donc que la défaite soit retentissante. C’est donc pour cela qu’il fallait exploser les dépenses de campagnes au point que même les plus aveugles des Hautes Autorités de contrôle des comptes de campagnes soient obligées de le voir. D’où le choix de Bygmalion. Bygmalion a organisé, selon son ex-dirigeant, Bastien Millot, des meetings aussi chers que les concerts de Beatles. Tant d’argent dépensé pour une défaite, c’est admirable ! De son côté l’UMP a organisé un système de double facturation en faisant des fausses factures de manière si grossière que n’importe quel comptable pouvait le voir. Bygmalion a tellement bien rempli son rôle qu’on estime que le plafond des comptes de campagnes a été dépassé de 18 millions d’euros €. Cette fois ci, le chiraquien président du conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, a tout de suite compris ce qu’on lui demandait. Il n’a pas hésité à aider son propre camp en invalidant les comptes de campagnes et en s’opposant à son ennemi intime : Nicolas Sarkozy.
A Marseille, une défaite explosive ne pouvait suffire aux spécialistes de l’échec. Ils déposèrent donc, dix jours après le dernier jour du délai légal, huit rectificatifs des comptes de campagne. Le rejet qui en découle leur permettra de se voir refuser le remboursement de la moitié des frais de campagne. Ils auront ainsi réussi à ruiner leur parti. Comble du bonheur, certaines têtes de listes pourraient aussi se voir déchues de leurs mandats.
Gardanne : la chute d’un des derniers bastions du PCF.
Après avoir régné pendant 37 ans, on peut supposer que le maire, Roger Mei en a eu assez de gagner. Il savait qu’il ne pouvait pas perdre sur son bilan. Il a donc envoyé son ancien premier adjoint socialiste, Jean-Brice Garella, mener une liste contre lui. Mais, malgré cela, il n’était pas sur de perdre. Le candidat communiste s’est donc assuré la présence opportune de Jean-Marc La Piana, médecin-directeur de La Maison[2], sur sa liste alors qu’il n’habitait pas Gardanne. C’était un moyen imparable de perdre au regard du code électoral. Il a ensuite gentiment demandé à son ami Jean-Brice Garella de faire un recours contre lui. Roger Mei, vieux routier de la politique savait bien qu’une faute aussi grossière qu'une domiciliation bidon ne passerait pas.
Exercices
1/ Vous avez de bonnes chances de gagner, que faites-vous ?
a/ Vous nommez Patrick Mennucci directeur de campagne
b/ Vous mettez quelqu’un d’engagé mais qui n’habite pas la ville/région, sur votre liste.
c/ Vous organisez une double facturation en faisant en sorte que ça se voie.
d/ Vous nommez un de vos amis au conseil constitutionnel
Corrigé.
c/ et d/ Bonne idée, votre ami comprendra rapidement que vous faire perdre il doit vous dénoncer.
b/ Bonne idée si c’est un scrutin de liste. Sinon vous pouvez aussi prendre quelqu’un d’inéligible comme suppléant.
a/ Mauvaise idée, si Mennucci est un bon candidat pour perdre, il est un mauvais directeur de campagne puisqu’il a fait gagner son camp deux fois aux régionales et qu’il a permis à Ségolène Royal de se qualifier au second tour.
2/ Complétez la phrase suivante :
Grace à la fraude, l’UMP a subi une défaite d’une ampleur…
a/ Suspecte
b/ Inégalée
c/ Irréversible
Corrigé.
Suspecte, si vous n’avez pas compris pourquoi relisez le chapitre précédent.
[1] Un de ces colistiers avait mis des bulletins de votes dans des chaussettes, d’où le nom.
[2] Un célèbre centre de soins palliatifs établi depuis 20 ans à Gardanne.