Scène 1. La team prude, Carlos Galfetti Mère Ubu.
(Le décor ressemble à celui de l’émission Des paroles et des actes, avec un écran au milieu très important car il est censé représenter les instituts de sondages qui décident à notre place. Il est au départ à 50/50. Ce décor doit être caché par des effets de lumières jusqu’au départ de la team prude. Quand ils entreront Carlos Galfetti et Mère Ubu se mettront à débattre chacun d’un côté de l’écran qui représentera l’état de l’opinion des sympathisant du PSNL à leur égard).
La team prude : Le parti socialiste est devenu n’importe quoi. Il est hors sol, hors sujet. Ivres, ils ont attendu pendant cinq ans le dieu Croissance. Aucun changement de politique, toujours la même direction mais en accélérant bien, tout droit dans le mur. François Ier s’est pris les pieds dans ses contradictions. Il disait vouloir changer, il a continué la même politique. Il disait vouloir renégocier, construire un rapport de force avec Merkel, il s’est mis à genoux devant elle. Il a toujours continué la même politique en espérant une hypothétique inversion triple axel tendancielle de la courbe qui ferait un double salto sur elle-même mais ce n’est jamais arrivé. Aucun effort n’a été fait de la part du patronat qui a préféré se gaver en dividendes plutôt que d’investir. Sa seule évolution a été de suivre le tournant sécuritaire de Nicolas Valls en virant les Roms plutôt que de virer les fascistes. Il est tellement cramé qu’il a renoncé à se présenter. Du coup des élections partielles ont eu lieu, elles ont été terribles car elles ont acté la fin de ce parti comme parti de gauche. Moi, ça suffit comme ça, j’en ai ras la casquette, je change de nom et je deviens La Team Révolution. Vous allez maintenant voir ces élections partielles, oui ceci est un flash-back. L’auteur sadique de cet ouvrage a décidé de vous l’imposer. (Il sort)
(Carlos Galfetti et Mère ubu entrent)
Carlos Galfetti : Les personnes, en situation irrégulière sur notre territoire et qui n'ont pas vocation à y rester doivent regagner leur pays d'origine. Ce qu’il nous faut c’est des white, des blancos, des blancs. (Carlos Galfetti passe à 53 et Mère Ubu à 47).
Mère Ubu : Moi mon problème c’est plus le banquier que l’immigré. Je dirais même que mon adversaire, mon seul adversaire c’est le monde de la finance. Si on ne redistribue pas les richesses, nous serons renversés (rires préenregistrés, les sondages n’évoluent pas).
Carlos Galfetti : Ah ! Ah ! Ah ! On la connaît cette blague, on ne pourra pas la faire deux fois. (Carlos Galfetti passe à 55 et Mère Ubu à 45).
Mère Ubu : C’est quoi ça ? On n’est plus contre les banquiers alors ? (Carlos Galfetti passe à 57 et Mère Ubu à 43).
Carlos Galfetti : La bonne finance est mon amie!Les banquiers ne sont pas le problème, il y a un ennemi de l’intérieur qu’il faut éliminer.
Mère Ubu : C'est-à-dire ?
Carlos Galfetti : Les étrangers et notamment les Roms n’ont pas le même mode de vie que nous et menacent notre civilisation (Carlos Galfetti passe à 60 et Mère Ubu à 40).
Mère Ubu : Civilisation chrétienne ?
Carlos Galfetti : Et alors ? On est tous des chrétiens non ?
Mère Ubu : Carlos, tu as le droit de penser, comme Samuel Huntington, qu’il faut un choc des civilisations mais ce n’est pas mon cas (Carlos Galfetti passe à 63 et Mère Ubu à 37).
Carlos Galfetti : C’est normal t’es une islamiste, d’ailleurs tu portes la barbe et le chèche. Moi je ferai preuve de la plus grande fermeté face aux milliards de jeunes qui partent faire le Djihad en Syrie. (Carlos Galfetti passe à 65 et Mère Ubu à 35 suite à cette observation ô combien perspicace).
Mère Ubu : Voyons Carlos, tu connais mon engagement pour la laicité. Souviens-toi du bon vieux temps où nous militions ensemble au PSNL (Carlos Galfetti passe à 63 et Mère Ubu à 37).
Carlos Galfetti : Tu en est encore au 19éme siècle ? Je pense qu’il faut supprimer la lettre S pour transformer le parti en un Parti Néo-Libéral. (Carlos Galfetti passe à 66 et Mère Ubu à 34).
Mère Ubu : Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le PSNL (Carlos Galfetti passe à 70 et Mère Ubu à 30).
Carlos Galfetti : Ta conception du parti est très datée. Nous sommes au XXIéme siècle, reboote ton logiciel (Carlos Galfetti passe à 75 et Mère Ubu à 25).
Mère Ubu : Moi je suis de gauche, je connais la chanson des chiffons rouges (Carlos Galfetti passe à 80 et Mère Ubu à 20).
Carlos Gafetti : Toi tu agites le chiffon rouge, moi je n'ai pas de tabou. Nous devons appliquer la déchéance de nationalité. Nous sommes dans un état de droit. Nous pouvons déchoir de la nationalité ceux qui s’attaquent aux intérêts fondamentaux de notre pays (Carlos Galfetti passe à 85 et Mère Ubu à 15).
Mère Ubu : La déchéance de nationalité est un sujet nauséabond et absurde. Tu dis parasites, les étrangers sont des poux pour toi ? (Carlos Galfetti passe à 90 et Mère Ubu à 10).
Carlos Galfetti : Non je suis un humaniste raisonnable. Comme tu le sais on ne peut pas accueillir toute la misère du monde (Carlos Galfetti passe à 95 et Mère Ubu à 5).
Mère Ubu : Où sont passé tes principes ?
Carlos Galfetti : Mes principes c’est de répondre au réel, d’avancer dans la même direction pour accélérer plus vite, plus fort, pour avoir le retour de Croissance. Les Français n’ont pas compris nos choix stratégiques, mais il ne faut pas être dogmatique ! Il faut moderniser ! Nous devons continuer le changement ! (Le panneau est à 100 du côté de Carlos Galfetti et à 0 du côté de Mère Ubu. Un gong retentit trois fois pour mettre fin au débat. Carlos Galfetti est porté en triomphe par des militants PSNL).
Mère ubu : J’ai perdu les élections, je quitte le PSNL pour l’UMPL (elle sort sous des sifflets préenregistrés).
Scène 2. Père Ubu, Mère Ubu, Honorine, des militants UPML, Pile, Cotice.
(Cette scène et la suivante se passent dans un local de l’UPML. Père Ubu est déjà sur scène à boire du vin avec Pile et des militant UPML pour fêter sa victoire, une table est remplie de victuailles. Mère Ubu entre suivie de Cotice)
Père Ubu : Tient Mère Ubu que fais-tu là ? N’étais-tu pas censée prendre le contrôle du PSNL ? Tu ne l’as pas fait ? (Il saisit un balai innommable et le brandit) J’te préviens, si tu l’as pas fait tu vas en prendre plein la tronche !
Mère Ubu : Ben si Ducon, je suis même devenue première secrétaire du PSNL.
Honorine : Hé ! Ho ! Sale pimbêche ! Tu n’appelles pas mon Apollon Ducon !
Mère Ubu (énervée) : C’est qui elle ?
Père Ubu : Une ancienne poissonnière qui me courtise. Elle veut prendre ta place. De toute façon on s’est mis d’accord pour l’union libre non ? Je suis polygame et tu es polyandre.
Mère Ubu : Surtout quand c’est pour toi.
Père Ubu : Oh tu crois que je ne te vois pas avec tes amants ? Commence pas à te plaindre sinon je les trucide et je les mets à la trappe. Bon que s’est-il passé après ton élection comme première secrétaire ?
Mère Ubu : Ensuite j’ai perdu la primaire. C’est Carlos Galfetti qui est devenu le candidat à PSNL à la présidentielle
PU : Merdre ! De par ma chandelle verte (Il saisit un poulet et mort dedans) chais fort dommache nous n’afons plus que l’UPML pour pwendwe le pouboir…
Cotice : Que peut-t-on faire ?
Père Ubu (mâchonnant) : Ichi on fait la fête. Manchez un morceau ! (Il dévore une rouelle de veau).
Cotice : Pff tu as déjà mangé tout ce qui est bon.
Honorine : Hé ! Ho ! Ne venez pas chier dans la colle. Père Ubu c’est mon CADOR !
Père Ubu : D’ailleurs, il reste de la soupe polonaise, des côtes de rastron, veau, du pâté de chien, des croupions de dinde, de la charlotte russe…
Pile : Tout cela nous coûte très, très cher. Nous crois-tu empereurs d’Orient pour faire de telles dépenses ?
Père Ubu : Ta gueule, fais pas ton juif. Il y a aussi du bouilli, des topinambours, de la bombe, de la salade, des fruits, du dessert, et des choux fleur à la merdre.
Mère Ubu (fait une grimace): Bigre, tout cela est fichtrement mauvais.
Père Ubu : Tas d’Arabes, que vous faut-il ? Je vais aiguiser mes dents contre vos mollets. Taisez-vous ou je vous empoisonne en vous forçant à manger les poils du balai qui a servi à nettoyer les toilettes[1]
Honorine : Il est trop bon pour vous, voilà tout !
(Tout le monde mange en faisant la moue sauf père Ubu qui a déjà mangé ce qui était comestible et Honorine qui n’a pas besoin de manger puisqu’elle est amoureuse).
Les militants UMP (Ces militants portent un tee-shirt « elle aime péter ». Ils chantent, pendant cette chanson il doit y avoir plein, plein d’effets spéciaux et la musique de « Tous ceux qui veulent changer le monde ») :
Un papa Ubu, une maman Ubu, on ne ment pas aux enfants !
Chacun a besoin, pour trouver son harmonie,
D'un papa et d'une maman car leurs rôles sont différents
Ne choisis pas le mariage gai honni
Tous ceux qui ne veulent pas changer le monde
venez marcher venez chanter
tous ceux qui ne veulent pas changer le monde
venez marcher à nos côtés
Prononçons ensemble un chant de haine
Ce chant si populaire
Dépassera celui du Fhaine
Pour que les femmes soit fécondes
Il faut bien les enfanter
Mettre son zizi dans le con produire une onde
C’est pourtant pas compliqué
Il ne faut pas s’enculer
Avoir deux pères verts
Continuons à chanter
Sur cette si belle aire
Meuf t'as le putain de droit d'pécho ton cousin
Mec tu peux enculer ta cousine
On peut faire l’amour entre cousins
Surtout si t’as une limousine
Si y'a un membre de ta famille qu'tu veux enculer,
Prend celui du sexe opposé !
C’est beaucoup moins compliqué !
(Des feux d’artifices sont lancés)
Pile (faisant les comptes) : Putain là on est ruiné.
Père Ubu : Ce n’est pas grave. Je lance une grande souscription nationale !
Les militants UPML : Hourra pour Père Ubu ! Hourra pour Mère Ubu ! (ils donnent tous beaucoup d’argent liquide)
Pile (à Père Ubu) : Euh je ne suis pas sûr que le conseil d’état va accepter tout ça. Ce n’est pas trop légal.
Père Ubu (à Pile) : On s’en fout, je vais planquer cet argent en Suisse avec ce qu’on a piqué à la vioque et mandater la société Pygmalion pour cacher ces dépenses. (Aux militants) Que chacun d’entre vous sache combien je suis reconnaissant de cette mobilisation qui m’a autant surpris qu’ému... Merci à vous tous. Jamais je ne pourrai pour rendre tout ce que vous m’avez donné, vous m’avez tellement donné.
(Les militants sortent)
Scène 3 Père Ubu, Mère Ubu, quatre juges, Pile, Cotice, Honorine.
(Trois juges entrent)
Les juges : Bonjour, nous cherchons Père Ubu.
Père Ubu : C’est moi ! Sapristi, de par ma chandelle verte, je suis pourtant assez gros !
Les juges : Il y a un truc bizarre dans vos comptes de campagne.
Père Ubu : Ah ! Les comptes ce n’est pas moi, c’est Pile. Moi je n’ai rien vu, rien entendu et rien signé.
Pile (à Père Ubu) : T’es gonflé là !
Les juges (ils notent): Vous êtes président du parti et vous dites n’avoir rien vu. Sérieux, vous êtes nul à ce point-là ?!
Mère Ubu : Oh oui il est nul.
Pile : Nul de nul.
Cotice : Très nul, c’est monsieur Nul avec un grand N (Père Ubu lui donne un coup de pied discret).
Honorine : Hé ! Ho ! Les tapettes ça suffit les conneries, Père Ubu, c’est (plus fort) MON CADOR, MON CHAMPION. C’est le meilleur !
Les juges (ils notent) : Disons qu’il est sûrement nul mais qu’à ce point-là, c’est peu crédible.
Père Ubu (montre Pile) : Je vous dis que c’est lui, moi je n’étais qu’un facteur.
Honorine : S’il vous dit que c’est Pile ! Croyez-le ! Faites pas chier ! Tapettes !
Les juges : Tst tst, vous rendez vous compte de l’image que nous donnez de l’élu ?
Cotice (à Mère Ubu) : S’il va en prison nous pourrons enfin faire l’amour sans prendre de risque d’être trucidés.
Mère Ubu (à Cotice) : Il ne sera pas mis en prison, sauf si le droit finit par l’emporter.
Les juges (posément) : Père Ubu, soyez raisonnable et avouez nous tout.
Père Ubu : Mais vous me faites chier ! Je vais réformer la justice.
Les juges : Nous nous opposons à tout changement.
Père Ubu : La justice c’est moi je vais vous supprimer, vous les juges d'instruction.
Juge un : Horreur.
Juge deux : Infamie.
Juge trois : Scandale.
Juge quatre : Indignité.
Tous : Nous nous refusons à juger dans des conditions pareilles.[2]
Père Ubu : Vous m’emmerdez sales bâtards ! (Il pend les juges à des crocs de bouchers).
Père Ubu : Enfin seuls ! (Il embrasse Mère Ubu sur la bouche, le baiser est long et bien gluant puis fait de même avec Honorine. Pendant ce temps-là Pile et Cotice sortent puis Père Ubu et Mère Ubu font de même).
Fin de l’acte IV
[1] Cette scène et ces dialogues font référence à Ubu Roi.
[2] Comme vous voyez l’auteur ne s’est pas compliqué la vie et a repris le texte d’Ubu Roi.