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resistanceetamour

Ceci est le blog d'un documentaliste révolté contre les injustices de notre société.

Ubu en France acte II

Publié le 29 Avril 2014 par resistanceetamour in Livres

Scène 1. Père Ubu, Mère Ubu, Pile, Cotice, un militant PSNL, un militant UPLM, La Team Prude.

(Père Ubu, Mère Ubu, Pile et Cotice sortent. Ces deux derniers portent des bagages très lourds).

Père Ubu : Ouf ! Par ma chandelle verte, nous sommes enfin arrivés en France.

Pile et Cotice (râlant ensemble) : C’est lourd ! C’est lourd !

Père Ubu : Je vous demande de vous arrêter.

Pile et Cotice (râlant ensemble) : NooooooN ! On est en France, c’est le pays des droits de l’Homme.

Père Ubu (très fort) : Taisez-vous et allez déposer nos bagages ou j’appelle Pierre Glouton pour vous mater !

(Pile et Cotice sortent)
Père Ubu : Bon ! Alors, Mère Ubu, explique-moi la différence entre l’UPLM et le PSNL

Mère Ubu : Heeeeu ! Le mieux, c’est que tu la vois. Regarde, là il y en a deux qui débattent.

(Un militant UPLM et un militant PSNL entrent, absorbés par leur discussion, ils ne voient pas Père Ubu et Mère Ubu)

Le militant PSNL : Je ne comprends pas ce que vous nous reprochez. On a fait le pacte de responsabilité demandé par le patron du MEDEF, Pierre Glouton, qui va être voté par celui qui a Zadig et Voltaire sur sa table de chevet !

Le militant UPLM : C’est une bonne intention mais ce n’est pas suffisant, il demande aussi un sous-SMIC pour les jeunes et le rétablissement des chaînes pour les esclaves et vous le lui avez refusé !

Le militant PSNL : Même le Syndicat Des Cadres est contre le pacte que nous avons fait. Votre sous-SMIC, c’est impossible à moins de loger gratuitement les jeunes. Quant à l’esclavage, il n’est pas bénéfique au patron car un esclave, il faut le nourrir. Nous faisons une politique courageuse pour le redressement productif du pays. Nous faisons 50 milliards d’économies, ce que vous n’avez jamais réussi à faire !

Le militant UPLM : Oui ! Mais nous on ferait mieux. D’ailleurs on en propose 90, ou 100, ou 130.

Le militant PSNL : Mais François Ier fait la même politique que l’UPML !

Le militant UPLM : Oui ! Il fait la même politique que nous, mais mal ![1] Et puis sur le sociétal…
Le militant PSNL : Vous avez les mêmes idées que la Force de France !

Le militant UPLM : Je n’ai pas de leçon à recevoir de quelqu’un qui s’allie au Front Populaire Ecosocialocommutrostkiste qui a les mêmes idées que la Force de France !

Le militant PSNL : Ci li ixtrème ! Ci di vilains michants populistes ! Des vrauchistes ! On ne s’allie plus avec eux et vous le savez ! Par contre, vous, vous avez des anciens du GUD et d’Occident. Et Hortefeux, il fait du racisme anti-Auvergnats !

Le militant UPLM : Et vous c’est pas mieux ! Carlos Galfetti, c’est comme le nouvel Omo, il veut laver plus blanc que blanc !

Le militant PSNL : Vous exagérez !

Le militant UPLM : Vous aussi !

(Ils sortent fâchés)

Père Ubu : Bon ! En fait ils pensent la même chose.

Mère Ubu : ça doit être ça. A une époque c’était différent. Ce serait trop long à raconter…

Père Ubu : Et donc ? Qui se charge de quel parti ?

Mère Ubu : La seule différence aujourd’hui c’est qu’il n’est jamais arrivé qu’une femme prenne la tête de l’UPML. Tu as les testicules et le bâtonnet en plus. Il faut donc que tu t’en charges.

Père Ubu : Tu pourrais te faire passer pour un homme facilement mais passons, tu as raison madame ma merdre, c’est sans doute plus facile comme ça

Mère Ubu : Partageons-nous la France !

Père Ubu (Sort une carte de la France et tire un trait vertical au milieu): Moitié-moitié

Mère Ubu (opine du chef): Moitié-moitié, le choc de simplification sera encore plus efficace puisqu’il n’y aura que deux régions.

Père Ubu : François Ier ne vaut pas mieux que nous

Mère Ubu : Il exagère, avec toutes ses maîtresses. Il ne sait pas gouverner. Je le place encore plus bas.

Père Ubu : Il est même en-dessous du plus bas. Tout ce qu’il sait faire, c’est le mariage PD[2].

Mère Ubu : Nous sommes d’accord !

Père Ubu : Faisons l’amour !

La Team Prude (traverse la scène en courant avec un ton hystérique puis sort) : Il y avoir du sexe ! Faites sortir les enfants!

Mère Ubu : D’accord, mais rapidement !

Père Ubu, Mère Ubu (ils se donnent un grand coup de rein) : HEY ! (mine de satisfaction) Voilà !

(Père Ubu sort)

Scène 3. Mère Ubu, treize militants PSNL, le lapin blanc de l’Unitay.

(La scène se passe dans un local du PSNL, Mère Ubu décide d’abord de se cacher derrière un rosier géant pour observer les pratiques des militants PSNL, deux des militants du PSNL sont derrière une grande table).

Un militant du PSNL (que nous appellerons Jad)[3] : Je quitte le PSNL !
Le lapin blanc de l’Unitay (avec un air désespéré comme si la fin du monde arrivait) : Nooooon !!!! Quand as-tu fait cette horrible et incroyable erreur?!

Jad : Ben ! Tu vois je suis en train de la faire ! Je viens vous demander de me rayer du répertoire des militants.

Le lapin blanc de l’Unitay : Il est encore temps de changer d’avis !

Jad : Non !

Le lapin blanc de l’Unitay (se roule par terre): Pooourquooooi ! Pooourquoooi !

Jad : Je me suis engagé en politique convaincu que les injustices et les inégalités n’étaient pas de la faute à pas de chance mais le produit de choix politiques…

Le lapin blanc de l’Unitay : Et tu as raison, c’est pour cela que TOUTE la Gauche doit rejoindre le PSNL. Unitay !

Jad : Le peuple de Gauche est déçu. Il ne votera plus pour vous !

Le lapin blanc de l’Unitay : Sectarisme ! Nous sommes le premier parti de gauche ! Les gens voteront pour ! C’est pour cela que tu dois quitter le Front Populaire Ecosocialocommutrostkiste. (il parle comme un mort vivant) Rejooooins nous ! Rejooooins nous !

Jad : Je ne rejoins pas le Front Populaire Ecosocialocommutrostkiste, je suis déçu, je ne voterai plus. Le PSNL fait une politique de droite.
Le lapin blanc de l’Unitay : Tu nous quittes? Vilain michant, tu es michant ! (Se met à chanter) Ne nous quitte pas ! Il faut oublier ce qui peut s´oublier ! Tu t´enfuis déjà ?

Jad : Le PSNL n’est plus de gauche.

Le lapin blanc de l’Unitay : Pauvre petit sectaire ! L’appartenance à la gauche est déclarative ! Et tant mieux ! Sinon on ne gagnerait jamais ! On ne s’élargirait jamais, on serait dans un monde néostalinien, les exclueurs l’emporteraient sur les rassembleurs.[4]

Jad : Je nuance mes propos, le PSNL fait une politique de droite.

Le lapin blanc de l’Unitay (s'arrache les cheveux) : C’est ça l’histoire de la gauche, Jules Moch a fait tirer sur les ouvriers ! Au PSNL nous sommes contre l'austérité. Voter pour nous, c'est voter contre l'austérité ! C’est Martin Schultz qui le dit !

Jad : Arrête de faire ton cirque, ce n’est pas crédible. Tu répètes toi-même que la politique du gouvernement nous emmène dans le mur.
Le lapin blanc de l’Unitay : Justement ! Il faut changer le PSNL de l’intérieur ! Reviens au parti ! Excuse-toi, et dis leur que tu veux…

Jad : Jamais de la vie! Cela ne sert à rien. La machine réussira toujours à acheter des hommes !

Le lapin blanc de l’Unitay : Comment veux-tu faire valoir ta vision? A l'extérieur du parti tu ne seras jamais entendu ! Au PSNL la révolte mûrit. Avant, nous avions 50 dépités et maintenant nous en avons 100. La dernière fois onze d’entre eux se sont abstenus ! La prochaine fois ils seront treize !

Jad : Je suis entendu à l'intérieur du parti?

Le lapin blanc de l’Unitay : Moooooosieur veut être entendu! Il a cru qu'il était le centre du monde.

Jad : Euh, c’est toi qui as parlé d’être entendu, je te signale. Le problème c'est que ça fait 30 ans que "ça mûrit".

Le lapin blanc de l’Unitay : Oui, et toi tu mûris depuis combien de temps, ça vient hein sûrement ?[5] Quelles sont tes compétences pour te permettre une telle arrogance ?[6]

Jad : Je suis juste un citoyen. Je ne suis pas cheerleader ! Depuis deux ans que le PSNL est au pouvoir nous avons plus géré que transformé. Nous avons remis en cause nos fondements politiques.

Le lapin blanc de l’Unitay : J’en ai marre du bashing du petit groupe qui squatte ici en répétant toujours les mêmes trucs. Il n’y a pas d’alternative, reste au PSNL !

Jad : Mais s’il n’y a pas d’alternative, à quoi cela sert de faire de la politique ?

Le lapin blanc de l’Unitay (énervé): Il suffit ! Piétinons-le !

(Onze militants PSNL et le Lapin Blanc piétinent Jad. Un vieux militant, assis devant une grande table, barre Jad du registre)

Le lapin blanc de l’Unitay : Une fois de plus, l’Unitay l’a emporté, je suis un phénomène !

(Les Onze militants du PSNL sortent en portant le lapin blanc de l’Unitay en triomphe en chantant : IL EST VRAIMENT IL EST VRAIMENT PHENOMENAL LALALALALALA ! IL MERITERAIT, IL MERITERAIT D'ETRE DANS LE JOURNAL LALALALALALA !)

Mère Ubu (va voir le vieux militant du PSNL qui est resté à la table avec le grand cahier des adhérents) : Bonjour, je voudrais adhérer au PSNL

Le vieux militant PSNL (la tête dans son cahier, ne la regarde pas et ne la regardera jamais toujours la tête dans son cahier. De temps en temps, il raye ou rajoute un nom): Oui, dans quel courant voulez-vous être ?
Mère Ubu : Quels courants y a-t-il ?

Le vieux militant PSNL : Il y en a plein mais deux seuls comptent vraiment. Vous pouvez adhérer à L’Unitay D’Abord ou à La Majo. Si vous voulez vous prendre des bites et que votre vie sexuelle soit pleinement satisfaite, adhérez à L’Unitay, vous serez sûre de ne jamais avoir aucune responsabilité. La Majo, quant à elle, c’est La Majo. Tout est dans le nom. Adhérer, c’est bien ; mais il faut savoir pourquoi tu adhères ! Moi quand j’ai voulu adhérer, ça a paru tellement bizarre que la secrétaire de section m’a posé tout un tas de questions. Aucune sur mes motivations mais des trucs du genre : Vous travaillez où ? Vous venez d’où ? Est-ce que vous étiez dans un autre parti avant ? Qui vous a conseillé d’adhérer à la section ? Est-ce que vous bénéficiez d’un logement social ? D’un emploi ? Comme je n’avais pas besoin d’emploi ou de logement elle m’a fait attendre deux mois pour que j’aie ma carte!

Mère Ubu : Je ne veux pas attendre deux mois !

Le vieux militant : Dans ce cas, peu importe le courant, il faut aller voir le Baron local Jean-Noël Guéridon et lui prêter allégeance. Là on ne vous demandera même pas si vous êtes socialiste. Venez, je vais vous accompagner jusqu'à lui.

(Ils sortent)

Scène 4. Fion, Sarko Ier, Capitaine Bordure, Père Ubu, des militants UPLM. [7]

(La scène se passe dans un local de l’UPLM, père Ubu entre et se cache derrière un buisson)

Capitaine Bordure : Que le débat pour désigner nos chefs commence !

Père Ubu (à part) : Merdre, j’arrive trop tard !

Fion : Nous sommes ici tous pour le rassemblement, condition indispensable au redressement de la France. Pour gagner l'UPLM devra s'adresser à la droite, au centre et même à la gauche.

(Une moitié des militants UPLM siffle, l’autre se tape la tête devant la stupidité dite par leur champion)

Sarko Ier (les deux mains en l’air): Du calme ! Du calme ! Fion a raison au moins sur un point, il faut éviter la division. Après, s’il veut draguer la gauche c’est son problème, mais il a droit de le penser, ne le sifflons pas ! Battons-le dans les urnes !

Fion : Il n'y a pas de peuple de droite (la majorité des militants UPLM siffle) mais des Français confrontés au risque d'un déclin collectif provoqué par la dictature socialiste. Cliver pendant la campagne pour ensuite essayer de tendre la main à tous les Français, c'est un peu facile. Moi, je ne tiens pas de double discours, un pour les adhérents et un pour les Français.

Sarko Ier : Les militants veulent-ils un Hollande de droite? On a un devoir de résistance face à une gauche qui a tous les pouvoirs. Nous devons construire une droite dure qui ne serait pas prisonnière de la gauche bien-pensante. Il faut forcer les Arabes à manger du pain au chocolat durant le ramadan et du porc dans les cantines. (Une minorité de militants UPLM applaudit).

Une majorité de militants UPLM (murmures) : Heu t’a entendu la même chose que moi (au théâtre on entend plusieurs échos).

Capitaine Bordure : Silence ! Reprenez le débat !

Fion : J'ai une autre ambition pour l'UPLM que « petits Blancs, pendant le ramadan, restez chez vous » (quelques applaudissements).

Sarko Ier : Je ne veux pas d’un rassemblement à l'eau tiède ni avec le PSNL qui s’allie avec le méchant diable rouge, celui dont il ne faut pas citer le nom, ni avec Force de France. Je suis contre le mariage homo (applaudissement des militants UPLM qui portent des tee-shirts « Elle aime péter »).

Fion : Je suis d’accord sur le « ni-ni », comme d’ailleurs Capitaine Bordure, notre juge de paix. Par contre, je respecte la loi, parce que je suis un républicain et je n’abolirai pas le mariage pour tous (sifflets des militants UPLM qui portent des tee-shirts « Elle aime péter »).

Capitaine Bordure : Bon c’était un bon débat ! Il est rare d’avoir un débat chez nous, je suppose donc qu’il est de bonne facture. Votons !

(Les militants UPLM votent, puis se fait le dépouillement tout cela très vite)

Capitaine Bordure : Egalité !

Sarko Ier et Fion (ils hurlent ensemble): Pas possible !

Sarko Ier : Je dénonce des bourrages d'urnes

Fion : Je dénonce des manipulations scandaleuses
Capitaine Bordure : Du calme, je propose de prendre provisoirement la tête de l’UPLM et de refaire des élections plus tard. Ne pas répondre à mon initiative pertinente serait suicidaire pour l'UPLM.

Sarko Ier, Fion (ensemble) : Pas question !

Les militants UPLM (en cœur): Tiens, exploit phénoménal, il a réussi à les mettre d’accord.

(Sarko Ier, Fion et Bordure se battent et s’entre-tuent, les corps restent par terre)

Les militants UPLM (en chœur ) : Mince que va-t-on faire ?

Père Ubu (sort du buisson, met les cadavres dans la trappe) : Je vous propose de devenir votre chef !

Militant UPLM n°1: Vous êtes adhérent ?

Père Ubu : Non ! Pour quoi faire ?

Militant UPLM n°1 (ironique): C’est gentil de proposer mais ici on n’est pas au PSNL, ce n’est pas comme ça que ça se passe, il faut être adhérent !

Père Ubu (le met dans la trappe avec son crochet) : Voilà ! Quelqu’un d’autre a quelque chose à dire ?

Les militants UPLM (en chœur) : Oh non ! C’est vous le chef !

Père Ubu : Bien ! Sortez !

(Les militants UPLM sortent)

Père Ubu (se frotte les mains) : De par ma chandelle verte ! C’est une bonne chose de faite.

(Père Ubu sort)

Fin de l’acte II.

[1] Cette phrase a réellement été prononcée par une militante UMP à l’auteur.

[2] L’auteur tient à préciser qu’il désapprouve fortement les propos de Père Ubu. Ce passage fait aussi référence à Macbett d’Eugène Ionesco.

[3] Merci à Jad Seif qui m’a beaucoup aidé pour cette partie, en guise de remerciement nous appellerons le militant qui quitte le PS Jad.

[4] Source : blog et compte twitter de Filoche.

[5] https://twitter.com/gerardfiloche/status/454722028621549568

[6] Idem note 8.

[7] Cette scène est largement inspirée par les primaires UMP mais ne la passez pas, elle est importante.

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