Cet article est reposté depuis MT SOLY BLÖCK.
4, chemin des Aygalades
Carrefour de nos pires angoisses et de notre jeunesse perdue
Où les fachos en embuscade
Les froides nuits d’hiver chassent à courre et tirent à vue
Comme au temps bénis des colonies et les champs de coton du Mississipi
Sur des minots sans défense épris de rap et de danse
Des petits soldats de la paix en guerre contre le sida et la misère
Sillonnant les villes et les cités pour briser les peurs et les frontières
Chaque fête de quartier, chaque concert :
Une tribune contre la bêtise humaine
Grand-frères à la ville comme à la scène.
Hélas vouloir faire le bien peut couter cher
Aux troubadours en quête d’amour et d’un monde fraternel
Quand les hyènes et les vautours au détour de chaque ruelle
Traquent sans merci les métèques
Et les bâtards indigènes de la République
Qu’importe l’histoire ou la musique
Le même mauvais scénario se répète
Un printemps français qui bout de colère
Battant le pavé avec toute la fachosphère
Leur cris d’hystérie, leurs slogans, leurs manifestes
Pénètrent les esprits et se répandent comme la peste
C’est la France à la sauce Zemour avec un zeste de Fourest
Certes un vieux concept mais qui fait toujours autant d’adeptes
De Genest à Copé partout on se déleste
Du poids d’être xénophobe, sans complexe
Sur BFN ou TFN, leurs élites prosélytes
Préparent les crédules à avaler la pilule du mythe
Du bon français de souche, du choc des civilisations
Entre une Manif pour tous et une marche anti-avortement
Une horde hétéroclite de croyants et d'agnostiques
Tous unis contre l’Etat et le vote démocratique
Quelle idée aussi de s’appeler Ibrahim
Au pays du petit Nicolas et de la Marine
Quand pour certains un simple prénom musulman
Est-ce qui distingue un bon citoyen d’un délinquant
Lorsqu’une femme enceinte qu’on agresse
N’émeut plus personne sous prétexte
Qu’elle porte le voile et qu’on érige en commerce
Le blasphème au nom de la liberté de la presse
Qu’importe si nos actes ou nos paroles blessent autrui
En profanant ce qu’ils ont de plus sacré
Car la sainte laïcité nous permet désormais
De tourner en dérision leurs convictions à l’envi
Nulle trace d’apaisement à l’horizon hélas
Il faudra encore attendre des siècles pour le vivre ensemble
Chacun sa race, chacun plaide pour sa paroisse
La division semble être le seul sentiment qui nous rassemble
Ainsi va ce bas monde depuis que tu es parti mon ami
La couardise, l’hypocrisie, le silence, les compromis
Ont eu raison de notre foi en l’Homme et en Dieu
A part le culte de l’odieux, rien de nouveau sous les cieux
Alors pardon si tu n’as toujours pas une ruelle à ton nom
Il ne fallait pas naitre nègre mais négrier ou grand colon
Et croire à la lettre à l’égalité de tous les êtres humains
Comme si nos ancêtres les gaulois pouvaient être africains
Désolé Ibrahim mais nous attendons toujours ce jour
Où le Boina daignera entendre nos cris de dépit
Nos esprits fatigués de mendier l’égalité, nos cœurs lourds
A force de sentir jusque dans nos chaires le rejet et le mépris
Mais rassure-toi mwanama°
Malgré parfois le désarroi et la colère
Nous ne lâchons pas l’affaire
Nous continuons le combat
Sur ce que nous avons de plus cher
Jusqu’à la fin de nos vies
Nous t'en faisons le serment mon frère
Pour que jamais le silence et l’oubli
Ne t’assassinent une seconde fois
Promis, juré ! Incha Allah ! °°
Incha Allah !
Incha Allah !
°Mwanama = frère, ami
°° Incha Allah = Si Dieu le veut
Mbaé Soly Tahamida
21 Février 2014