Souvent, voire toujours, certains qualifient une partie de la gauche d’extrême. C’est bien leur droit mais c’est aussi mon droit de critiquer cette sémantique. Une partie de la gauche (moins large que celle qui est qualifiée d’extrême), probablement sadomasochiste, se qualifie elle-même d’extrême gauche alors qu’il n’y a rien d’extrême dans ce qu’elle dit. Ce billet est donc fait, vous l’avez compris, pour réexpliquer ce qui est extrémiste et ce qui ne l’est pas.
Hier, nous avons vu la différence entre la gauche et une partie de la droite. J’insiste sur ce point, je n’ai pas le souvenir que quelqu’un de gauche ait manifesté pendant des commémorations sous les présidences Chirac et Sarkozy. Si je me trompe dites-le moi en commentaire et je corrigerais, mais la probabilité est infime. Attention, il ne faut pas tomber dans la caricature, toute la droite n’est pas extrême, seulement une partie. A quel moment est-elle extrême ? Elle est extrême à partir du moment où elle considère que le président est « illégitime » comme la maire d'Aix, ou comme l’ex-ministre Baroin quand il déclare que la gauche est arrivée au pouvoir « par effraction » en 1997.
Tout le problème vient de là, une partie de la droite (dont une bonne partie de ses dirigeants) considère que la gauche est naturellement illégitime au pouvoir. Evidemment à partir de ce moment-là on ne peut pas s’étonner quand leurs militants viennent manifester pendant les commémorations. Il est déjà difficile de donner des leçons de morale, ça l’est encore plus quand la tête ne montre pas l’exemple.
Les Dominique Reynier et autres qui disent qu’il y a une « extrême gauche » devraient nous dire si cette « extrême gauche » manifeste les jours de commémorations. J’affirme que ce n’est pas le cas. Encore mieux Jean Luc Mélenchon qui est qualifié d’homme d’extrême gauche par le politologue politicien Dominique Reynier participe aux commémorations.
A partir de ce moment-là, Dominique Reynier nous répondrait peut être : « Jean-Luc Mélenchon est un populiste ». Dans ce cas, nous faisons la demande d’une définition du mot « populisme » où l’on a mis tout et son contraire. Si on est populiste parce qu’on refuse la mondialisation alors, beaucoup au PS et même à droite peuvent être considérés comme populistes. Si on est populiste à partir du moment où on combat les intellectuels il ne reste alors que le FN et une partie de la droite de populiste. Si on est populiste quand on refuse catégoriquement toute idée d’Europe, même sociale, il ne reste alors que le FN et la « droite souverainiste » de populiste. Dominique Reynier a-t-il considéré Sarkozy comme populiste quand Sarkozy a menacé de sortir de l'espace Schengen ? Il ne l’a jamais dit.
La partie de la droite qui est extrême se caricature elle-même comme on peut le voir sur l’image suivante que l’on peut résumer comme la droite militante : des vieilles botoxées avec des lunettes de soleil Dior et des manteaux de fourrure. A chaque fois qu’une militante de droite m’a interpellé elle ressemblait à cette description. Ce sont des caricatures de la bourgeoisie qui vivent dans un autre temps.
Enfin je finis sur la « Marche des Républicains » qui est en train de s’organiser. Pourquoi pas ? Cela peut être considéré comme nécessaire. Pour moi une éventuelle réussite de cette marche dépendra des mots d’ordres et de son organisation, c’est le message que je veux faire passer à Loic Letemplier créateur de cette idée et aux autres organisateurs.
Quelles sont les conditions de cette réussite ?
1°) Il faut élargir le sens de la marche, elle doit aussi et surtout être une marche pour l’égalité (quite à ce qu'on ait des gens de l'UMP ou de l'UDI en moins), l’égalité ne peut que faire reculer le Front National, si ce n’est qu’une « Marche des Républicains » ce sera un échec total, moi-même je ne me sens pas capable de convaincre qui que ce soit à Marseille de venir à Paris défendre cette idée. Je sais très bien ce qui va m’être répondu par les classes populaires : « Au lieu de vous occuper du FN, occupez-vous de nous ! ». Il faut des revendications fortes comme la revendication de l'interdiction du Front National ou les groupes violent comme Jeunesses nationalistes révolutionnaires et Troisième Voie pourront toujours se retrouver quand ils seront disloqués.
2°) Le point précédent est important car il amène le second : cette marche ne sera réussie que si les classes populaires participent. Cela nécessite un long travail en amont (d’ailleurs un mois c’est très court) dans les cités qui doit continuer après la marche.
3°) Enfin, si l’on veut que le point 2 soit possible, il ne faut pas faire la manif qu’à Paris le 8 décembre. Moi à la limite je pourrais mais, je suis désolé de le dire, je vois mal les classes populaires prendre le train pour aller à Paris alors que déjà, pour se rendre des quartiers nord de Marseille au centre-ville c’est relativement difficile. Il faut donc faire une manif nationale ou au moins dans toutes les grandes villes. En plus on peut difficilement faire le reproche de ne rien faire parce que sans vanter Marseille, on a une longueur d’avance, puisqu’il y a eu une marche pour l’égalité en 1983 partie de Marseille et montée à Paris ce qui serait difficile de refaire aujourd’hui. Cette marche est racontée par Hanifa Taguelmint et un film va être fait sur le sujet (merci à Marsactu, à France TV, et au journal le Monde pour les liens). Il y a eu une réplique de cette manif le 1er juin 2013 (seulement à Marseille) à laquelle j’ai pu participer. Elle a eu du succès dans le sens où l’on a pu de nouveau voir les déshérités manifester. J’espère que vous tiendrez compte de ses 3 conditions, évidemment si ce n'est pas le cas je ne me mouillerai pas dans une mascarade.