J’avais prévu d’écrire ce post depuis longtemps, cependant un fait de l’affaire Leonarda fait que je me suis senti obligé d’accélérer le rythme d’écriture pour le publier aujourd'hui, ce post est donc incomplet, il faut lire les livres et les liens mentionnés pour le compéter. Finalement Leonarda ne serait pas Kosovarde mais italienne. En apprenant que Leonarda était italienne je me suis posé une question. Est-elle virée parce qu’elle est « rom » ou parce qu’elle est italienne ? Vu qu’il n’y a pas de pays, ni de nation rom je déduis qu’elle est virée parce qu’elle est italienne. Ainsi nous faisons un bon extraordinaire dans le passé, celui ou les italiens n’étaient pas les bienvenus en France.
Je m’explique, aujourd’hui les unes de presses ont deux victimes favorites : les Rroms et les musulmans comme le montre les illustrations ci-dessous.
A la fin du 19éme et au début du 20éme siècle, c’était les italiens qui étaient ainsi pointés du doigt.
On peut lire par exemple sur les cahiers du Gretha qu’en en 1900-1901 "Les articles de presse portraitisent l'italien comme "voyou" ou "anarchiste". Certains émigrés italiens sont ainsi assimilés aux "brigands", ne possédant que des couteaux ou des poignards."[1]
En janvier 1889, le commissaire de police du 16e arrondissement de Marseille estime que la crise qui sévit sur les ports et docks est certes due au ralentissement saisonnier mais il précise :
« La situation est en outre rendue plus difficile aux ouvriers par les deux causes suivantes. La première est la tendance qu’ont les ouvriers de tous les corps d’état, et dans tous, ils sont nombreux ceux qui chôment, à descendre sur les quais et à venir chercher à s’embaucher comme ouvriers des ports alléchés par le prix de la journée de 5 francs. (...) La deuxième cause du malaise des ouvriers français est peut-être plus sérieuse. Les ouvriers italiens abondent en raison de la mauvaise saison ; ils sont généralement plus dociles que nos nationaux, font volontiers des quarts d’heure et même des demi-heures en sus de la durée réglementaire de la journée de travail (...) ». Bon j’entends déjà les imbéciles de services nous dire « oui mais eux ils travaillaient », ce à quoi je leur répond : « ce n’est pas le plus grave, il faut lire la suite gros con ».
La presse locale soutient bien souvent les revendications des ouvriers français, à l’image du Petit Provençal, qui entend « sauvegarder les intérêts des classes ouvrières originaires de la vieille Gaule »[1]. En mars 1888, Pierre Roux s’inquiète du « mouvement ascensionnel d’une invasion latente » qui forme « un danger de plus en plus menaçant »; pire : « les étrangers jouissent d’une préférence injustifiable », à l’origine de « l’avilissement du salaire »[2]. On dirait Marine Le Pen qui dit « les français d’abord » et veut on le rappelle une préférence nationale.
Le petit provençal, encore lui, prend position contre ces « Germains » et plus généralement ces étrangers qui enlèvent leur pain aux Français, et les décrit comme des « vagabonds » et des criminels potentiels (les Italiens surtout)[3]. Voilà qui commence à répondre aux objections des imbéciles de services de tout à l’heure, les italiens étaient eux aussi considérés comme des voleurs (ça fait déjà un point commun avec les Rroms). Ils sont même qualifiés de « sauvages » par Le Petit Marseillais en 1881[4].
Le Manuel Valls (comprendre ministre de l’intérieur) ordonne en 1864 de renforcer la surveillance des « dangereux Italiens » qui pénètrent en France afin de démanteler les réseaux criminels qu’ils installent dans le sud du pays (comme les Rroms et les musulmans aujourd’hui)[5].
Voila qui tend a démontrer que le problème n’est pas la nationalité mais que c’est ce que Manuel Valls appelle « mode de vie » et que nous appellerons ici pauvreté.
Pierre Milza ajoute dans « voyage en Ritalie » que des journaux pourtant parfois socialistes (La Bataille, Le Cri du peuple) (un peu comme Marianne et Le Nouvel Obs aujourd’hui ) décrivent l’italien comme violent et bagarreur. Il cite le cri du peuple d’aout 1884 qui dit « Il ne se passe pas de semaine que leurs couteaux n’aient fait quelque victime ». Résultat : « l’image de l’italien manieur de couteaux tend à prendre un caractère mythique et à s’installer durablement dans l’imaginaire social des Français »[6].
[1] Source : http://cahiersdugretha.u-bordeaux4.fr/2010/2010-13.pdf
[2] Le Petit Provençal, 4 janvier 1888, éditorial « Main-d'œuvre étrangère » (Pierre Roux).
[3] Le Petit Provençal, 31 mars 1888, « Les étrangers », commentaire du rapport Pradon. Le 5 août, il (...)
[4] Le Petit Provençal, 29 juin 1888, « Les ouvriers étrangers ». Ils ajoutent alors « le patriotisme nous fait un devoir d’appuyer énergiquement les revendications des ouvriers des ports, des ouvriers maçons, de tous les travailleurs de nationalité française ».
[5] Empreintes Italiennes editions Lieux-Dits P85
[6] Lettre du préfet de police chargé de la direction générale de la sûreté publique, 29 janvier 1864, Archives Départementales des Bouches-du-Rhône.
[7] Voyage en Ritalie, edition PLON, P 103 et 104.
Un procureur de la république (nommé par Valls ?) va jusqu'à dire « Peut-être l’inculpé a-t-il frappé, comme les italiens font d’ordinaire,lâchement par derrière… Les Italiens ont un coup préféré : quand ils ne frappent pas au cœur, ils visent le cou ; ils connaissent l’anatomie du corps humain et ils savent quelles sont les parties ou l’on frappe à coup sur. »[8].
Le Petit Provençal (oui, c’était le Valeurs Actuelles de l’époque) écrit « les italiens ont l’habitude de boire et de se battre entre eux le dimanche », « ils ont en outre cette habitude de porter sur eux le couteau, qui, chez eux est de tradition »[9]. Evidemment tout cela influence les juges de l’époque.
On peut aussi lire dans l’Est Républicain de juillet 1905 que les italiens n’avaient pas le même « mode de vie » que nous (faites un test, remplacez italien par rom ou musulman). Ben oui eux ils mangent de la ratatouille quoi, on a l’impression de réentendre le « bruit et l’odeur »: « si vous passez un jour, à l’heure de midi, vers Mont-Saint-Martin, ou Villerupt, près d´une des nombreuses cantines italiennes, votre odorat est désagréablement chatouillé par des odeurs d´abominables ratatouilles. Des vieilles sordides, à la peau fripée et aux cheveux rares, font mijoter des fritures étranges dans des poêles ébréchées. Et les bêtes mortes de maladie, à des lieues à la ronde, ne sont pas souvent enfouies, elles ont leur sépulture dans les estomacs des Italiens, qui les trouvent excellentes pour des ragoûts dignes de l´enfer. Toute cette cuisine diabolique passe encore sous le ciel bleu de l´Italie, et fait d´ailleurs partie de la " couleur locale" des quartiers pauvres de Rome ou de Naples. Mais il en est tout autrement en Lorraine, où la saleté chronique et la façon de vivre déplorable des Italiens font courir de sérieux dangers de contamination à la population indigène. »[10]
Même le Canard Enchaîné dénonce « La triste vérité sur les tortures infligées aux italiens en France »[11].
[8] Archives du ministère des affaires étrangères, correspondance politique volume 125, sept.-déc. 1986. Rapport de l’ambassadeur à Rome Billot au ministre des affaires étrangères Hanotaux, n°231, 12 déc. 1896. Propos repris par Le Petit Niçois (p 105 Voyage en Ritalie).
[9] Empreintes Italiennes P85
[10] Voyage en Ritalie P122.
[11] Voyage en Ritalie P129.
Des propos que l’on peut illustrer par les images suivantes avec leurs provenances en dessous de ces images:
(Empreintes italiennes p88) le mot Nervis est expliqué dans Empreintes Italiennes : "Pour les Marseillais à la fin du XIXéme siècle, un nervi est un italien". Ce mot "emprunte le nom d'un petit port de pêche a l'est de Gênes" et "signifie également "nerfs" en Italien".
Tout cela a amené à une haine des Français envers les Italiens et notamment à la tuerie d’Aigues-Mortes malgré les résistances internationalistes.
Les journaux de caniveaux ont donc tapé sur Leonarda à deux occasions : d’abord parce qu’elle est italienne (oui je sais elle n’était pas encore vivante mais on se comprend, l'idée c'est qu'a l'époque dont j'ai parlé elle aurait été stigmatisée pour la raison d'être italienne) et ensuite par ce qu’elle est « Rrom » et ensuite certains s’étonnent que 65% des Français seraient opposés à son retour. Je veux poser une question à ces Français. Êtes-vous d’origine Italienne ? Êtes-vous d’origine espagnole ? N’avez-vous pas été vous-même victime de stigmatisation ? Manuel Valls qui est d’origine catalane a-t-il vocation à rester en France ou doit il partir en Espagne ? Moi je dis une chose : si Manuel Valls a les principes républicains de la France, c’est-à-dire s’il accepte que tout le monde peut s’intégrer ALORS il est le bienvenu en France. J'ai choisi de prendre les Italiens comme exemple parce que Leonarda est Italienne mais, j'aurais pu faire la même chose avec les espagnols qui eux aussi, quand ils sont arrivé sous Franco ont étés mal reçus.
Il y a dans l’affaire Leonarda quelque chose d’incohérent, elle est italienne et ses frères et sœurs aussi, elle ne parle pas l’Albanais (langue que l’on doit parler au Kosovo si on veut s’intégrer) et on l’envoie au Kosovo. Je veux dire pourquoi on arrête pas d’être cruel et stupide cinq minutes ? Au moins soyez cohérent si elle est italienne elle peut vivre avec ses frères et sœurs en Italie non (au mois la bas on peut s'intégrer en parlant Français, il y a des lycées français) ? Vous estimez qu’elle est Kosovarde ? Vous êtes pour le droit du sang ? Si c’est le cas PARTEZ PARTEZ tout de suite de France ! VOUS N’AVEZ PAS VOTRE PLACE DANS UN PAYS REPUBLICAIN ! Et je vais faire mon Nietzsche mais si vous estimez vraiment qu’il y a trop d’immigrés la solution consisterait peut-être à vous expulser afin que le sentiment d'hostilité disparaisse et que la culture Rom/italienne/Espagnole/musulmane/martienne puisse profiter à l'Europe.