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resistanceetamour

Ceci est le blog d'un documentaliste révolté contre les injustices de notre société.

Antigone et Ismène où Le vrai mandat de Nicolas S. Acte 4

Publié le 4 Avril 2012 par resistanceetamour in Livres

Acte 4.

 

 

 

Scène 1. Créon, Antigone puis les gardes, puis Ismène, puis Hémon, puis une ou deux femmes de ménage.

 

 

 

(La scène se passe dans les couloirs du palais royal qu’Antigone arpente).

 

Créon (entrant et rattrapant Antigone): Antigone! Antigone!

 

Antigone: Créon! (Ironique) Quel hasard t’amène-t-il ici! (un tout petit peu plus sérieuse) Te rends-tu compte de ce que tu fais? Tu fréquente les couloirs du palais sans aucun garde du corps et sans prévenir la police, alors qu’habituellement, quand tu sors, on ne peut voir que le bout de ton nez.

 

Créon: Oui, je sais. (Fier) Je suis un homme courageux qui ose sortir de mes pièces de palais sans protection pour te parler seul à seul.

 

Antigone: Que me veux-tu?

 

Créon: Te parler.

 

Antigone: Eh bien! Vas-y!

 

Créon: Voudras-tu bien m’entendre?

 

Antigone: Je ne puis promettre qu’écouter et répondre!

Créon: Je voudrais te faire une proposition ; si tu avoue à tous que tu as eu tort de défendre ton frère en l’enterrant, eh bien, tu auras la vie sauve! Cela permettra de te sauver en évitant les ragots.

Antigone: Jamais! Moi, j’ai des couilles!

Créon (ironique): Ah bon! Tu en as? Fais voir!

Antigone: Je voulais dire des principes!

Créon: Mais que veux tu que je fasse de plus? Que je te paye? Que je vide des caisses qui sont déjà vides?

Antigone: Je ne te demande rien de tout cela. Je n’attends rien de toi, même si tu prends de l’argent dans ces caisses déjà vides pour le donner aux banquiers et que tu les vides encore plus en faisant un grand emprunt. En effet, qui va le rembourser? Nos enfants!

Créon: Tu es bête! Tu n’as rien compris! Je vais t’expliquer…

Antigone (le coupant): Je m’en contrefous! Parlons d’autre chose!

Créon: Tu te fous de l’avenir du pays? Toi !?

Antigone: Non! Mais je te rappelle que nous sommes là pour parler de mon frère!

Créon: Oui! Tu as raison pour une fois, ne nous égarons pas! Mais sais-tu qui était réellement ton frère?

Antigone: C’était mon frère, et cela devrait suffire.

Créon: C’était un violeur, il n’arrêtait pas de s’adonner à la luxure. Il ne cessait pas de voler et demandait toujours de l’argent à ton père pour rembourser ses dettes de jeu. Un jour que ton père avait refusé, il lui a cassé le nez et ton père, pour ne point te rendre triste a prétendu qu’il était tombé tout seul. Un autre jour…

Antigone (le coupant): Cela suffit! Je ne te laisserais pas dire plus de mal de ma famille. Fais-moi ce que tu veux mais cesse de t’en prendre à ma famille.

Créon: Mais c’est vrai!

Antigone: Que cela soit vrai ou non peut m’importe, cela n’a pas de rapport, il est l’un des miens et je dois l’enterrer.

Créon: Tu sais, en fait tes deux frères étaient mauvais et je ne sais même plus lequel j’ai enterré puisqu’en effet, ils étaient brulés et s’étaient entretués. Ils étaient tous deux méconnaissables, tout autant le légitime que le non légitime.

Antigone: Quel qu’il soit, et que ce soit l’un ou l’autre, celui que je tente d’enterrer est mon frère et je ne le laisserai pas se faire dévorer par les vautours de ton espèce.

Créon: Le problème n’est pas de savoir si c’est ton frère ou non, pense un peu à ta patrie et à son honneur. Il y a des morts utiles.

Antigone: Eh bien! Le voilà le problème! Aujourd’hui j’écoute certains propos et je vous le dis aujourd’hui. Quand j’entends ce que j’entends, quand je vois ce que je vois, j'ai honte d'être Française et j'en suis fière!
(Dans la séquence qui va suivre les deux personnages ne doivent surtout pas s’entendre et les phrases doivent se suivre dans un rythme effréné. L’énervement de chaque personnage doit progresser au fur et à mesure de chaque phrase prononcée).

Créon: Primo, il faut maintenant dire Créonienne! Secundo, il n’y a pas de quoi être fier Antigone! Moi je suis fier de vous dire que si vous avez honte, ma chère, je n’en suis pas fier, voilà!
Antigone: Eh bien moi, moi j'ai honte pour vous monsieur !
Créon: Moi, je suis fier de ne pas avoir honte madame!
Antigone: Eh bien moi j'ai honte de ne pas être fière!
Créon: Eh bien, c'est honteux !
Antigone: Eh bien c'est vous qui êtes honteux, monsieur, j'ai honte pour vous !

Créon: Non ce n’est pas honteux, moi je n’ai pas honte de dire que si vous n’êtes pas fière, eh bien j’en ai honte!

Antigone: Oh! Monsieur, vous faites votre fier mais c’est vous la honte.
Créon: Avoir honte de la fierté qu’on devrait avoir alors qu’on a honte de sa fierté, eh bien c’est honteux!

Antigone: Vous pouvez répéter?

Créon: Je dis qu’avoir honte de la fierté qu’on devrait avoir pour un pays, eh bien, c’est la honte!

Antigone: Eh bien, c’est le contraire! La honte d’être fier c’est une fierté d’avoir honte quand on a honte d’être fier!

Créon: Non, c’est toi, la honte!

Antigone: Je suis fière d’avoir honte de la fierté d’être fière de la France!

Créon: Oh! Arrête de jouer à la fière car tu n’es qu’une honte!
Antigone: Je ne suis pas fière. J’ai honte et je le dit!

(Fin de la fameuse séquence)

(Un temps)

Créon: Bon, tout ce psalmodiage n’aura donc servi à rien! C’est donc bien vrai ce que l’on dit! Aucun argument ne te ramènera donc à la réalité !?

Antigone: Si tu considères la réalité comme tu l’as dit auparavant, c’est ton droit mais je n’ai rien à voir avec la folie.

Créon: Tu veux donc mourir?

Antigone: S’il le faut, j’y suis prête.

Créon: Tant pis pour toi! Gardes! Antigone est là, venez l’immobiliser!

(Deux gardes entrent et immobilisent Antigone en la prenant par les bras puis attachent ses pieds et ses jambes à deux poteaux non éloignés l’un de l’autre disposés avant le début de la scène).

Antigone(se débattant): Non! Non! Laissez-moi tranquille!

Créon(plaisantant): Yes neeed the noo to win again the nooo!

Antigone (amère): Très drôle!

Créon(fier): Je sais, je suis un grand comique de mon temps.

Antigone :(à part) C’est cela oui! (tout haut) J’ai une dernière volonté!

Créon(énervé): Rooh! Mais que me veux-tu encore? Ne me demande pas la vie, c’est trop tard.

Antigone: il s’agit d’autre chose.

Créon(énervé): Qu’est-ce que tu veux encore! Une pizza? Un whisky? Une cigarette?

Antigone: Je veux juste que ma sœur soit présente à ma mort!

Créon(conciliant): Bon! Si tu veux, cela m’importe peu et, de toute façon, elle m’est favorable. (Criant) Ismène!

Ismène(entrant): Que me veux-tu Créon?

Créon: Je t’ai appelé pour que tu viennes voir la mise à mort de ta sœur.

Ismène: C’est plutôt cruel, non?

Créon: C’est elle qui t’a demandée.

Ismène: Ah bon?! (A Antigone) C’est vrai?

Antigone: Oui!

Ismène: Il n’empêche que c’est tout de même cruel. Ne pourrait-on pas au moins lui proposer de commuer sa peine en exil, comme on l’a fait pour Socrate, mon ancien petit ami, qui d’ailleurs l’a refusé ?

Créon: Non! Ce serait perdre la face, or c’est elle qui doit la perdre! De plus, elle veut mourir.

Hémon(qui passait par là): Ah bon! Elle va mourir mais alors je ne pourrai pont la baiser.
Créon (à Ismène): Je m’en occupe. (A Hémon) Cela suffit, tu as déjà Darty!

Hémon: Houais! Mais, elle est juive et tu m’as dit que baiser les étrangers, c’est mal.

Créon: Oui! Mais là, ce qui compte c’est qu’elle est riche, pas, qu’elle soit juive, car si elle avait été pauvre tu ne pourrais être son amant que contre ma volonté et ce quelle que soit son identité. Allez! Pour te consoler de la mort d’Antigone je t’accorde en plus de la place de général déjà acquise, la vente de toutes les poupées gonflables, puis pour te consoler de la perte de l’Epad, une place éligible de conseiller régional en Ile de France avant de te donner, un jour, la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, et puis je promets de t’offrir une mairie.

Hémon (ému): Les militants m’ont choisi! (Il sort).

Créon: Reprenons la discussion là où nous en étions.

Ismène: Ne pourrait-t-on pas, alors, faire en sorte que sa mort soit digne, avec le moins de souffrance possible?

Créon: Au contraire, pour montrer sa mort en exemple, il faut que celle ci soit exemplaire et donc qu’elle souffre le plus possible. (A ses gardes) Tuez la de vos couteaux, mais que seul le millième la délivre de sa souffrance!

(Les deux gardes donnent chacun 500 coups de couteaux à Antigone en commençant par les pieds, puis par les jambes, puis dans les bras puis dans le reste du corps jusqu’aux deux coups final adjugé par les deux gardes en même temps du coté du cœur, l’un l’atteignant par un coup dans le dos et l’autre l’atteignant par un coup dans la poitrine ; à chaque coup le sang doit gicler (Cela peut être des poches de sauce tomate qui dans ce cas doivent être visibles au public.) A chaque coup, la souffrance d’Antigone ainsi que l’horreur d’Ismène augmentent. Après la mort d’Antigone, Ismène sort en pleurant, puis Créon et les gardes en se frottant les mains de satisfaction. Ensuite, deux femmes de ménage viennent nettoyer puis prennent le corps d’Antigone et le mettent dans une benne à ordures qu’elles sortent avec elles. La mort de l’actrice n’est pas obligatoire sauf si elle est suicidaire et qu’elle l’a demandé au metteur en scène. Les gestes doivent être très lents et la musique Clubbed to Death doit être passée lors des mille coups de couteaux).

Hémon (entrant en courant et sautant, joyeux): Les militants m’ont choisi! Les militants m’ont choisi! Je suis conseiller régional, un des métiers les plus faciles puis qu’on n’est jamais obligé de venir aux conseils et c’est bien payé! Préposé aux poupées gonflables!100 euros la poupée gonflable: elle est sympa, agréable, ne parle pas et fait l’amour quand vous le voulez et par ou vous le voulez et adopter les positions que vous voulez! L’essayer, c’est l’adopter! Vous pouvez même lui faire l’amour en sandwich avec un ami ou lui faire une éjaculation faciale ou encore une sodomie; elle ne bronchera pas! Vous pouvez même en prendre une avec un petit magnéto pour qu’elle pousse de petits cris aigus dans le feu de l’action… (Il sort en poussant des cris d’extase).

 

Scène 2. La nourrice, Ismène, puis deux paysans puis L’opposition.

 

(La scène se passe dans un champ et près d’un buisson).

(Ismène entre, suivie de la nourrice).

La nourrice: Mais attends, c’est horrible ce que tu me racontes là!

Ismène: Je sais. (Hésitante) Mais n’était ce pas nécessaire pour éviter une crise d’Etat?

La nourrice: Attends! Tu m’as toi-même raconté la méthode ; c’est déguelasse!

Ismène (honteuse): Je sais.

La nourrice (la secouant): Mais quand vas-tu enfin te réveiller et comprendre qui est Créon, de quoi il est capable.

Ismène: Je suis de droite et pour l’Etat, hélas c’est comme cela, c’est ma nature.

La nourrice (donnant une paire de gifles à Antigone): Arrête! Ce n’est pas une histoire de droite ou de gauche ici, c’est une question de décence!

Ismène (se frottant les joues en sanglotant): je sais mais hélas je ne peux me révolter pour cette raison, cela ferait un peu bénéfice personnel !

La nourrice: Et alors, lui, il en prend tout le temps des bénéfices personnels et donne tout le temps à ses amis!

Ismène: Ce n’est pas une raison de faire pareil!

La nourrice: Tu veux dire que, si tu trouvais d’autres raisons tu réagirais?

Ismène: Pourquoi pas ! On ne sait jamais!

(On entend des bruits de pas)

La nourrice: Vite! Des pas! Cachons nous derrière ce buisson!

Ismène: Pourquoi nous cacher?

La nourrice: Si ce sont des soldats, je ne veux point les voir et si ce sont des paysans, ou des hommes du peuple, nous pourrons écouter ce qu’ils pensent de Créon, sans nous mentir, puisque nous sommes plus aimées que lui.

(Elles se cachent derrière un buisson)

(Deux paysans entrent et commencent à bécher).

(Un temps)

Premier paysan: Pff! Y en a marre!

Second paysan: Ouais!

Premier paysan: On est de plus en plus surveillés! On peut plus faire un pas sans qu’on nous mette en prison, on nous demande nos papiers ou même on nous expulse.

Second paysan: Ouais!

Premier paysan: Tu as vu comment il a transformé notre « non » à la mauvaise et asociale constitution européenne en un grand « oui »!

Second paysan: Oui! Et après il a prétendu que c’était nous qui l’en avions supplié! Le pire, c’est qu’il a fait ensuite la même chose aux Irlandais!

Premier Paysan: Ouais! C’est sûr, il est arrivé à son objectif et nous as tous niqués, comme il l’a dit lui-même.

(Un temps)

Second paysan: A propos! J’ai une anecdote sur les amours de notre président!

Premier paysan: Ah ouais! Vas-Y! Jette-la!

Second paysan: C’est un ami! Il regardait la télé et il a vu tout a coup Créon se faire offrir un sac Buitton, puis il l’a entendu dire : « Vous savez à qui je vais l’offrir hein? Oh! Allez, faites pas les médisants hein! » (Il regarde s’il n’y a personne d’autre autour de lui et ne voit personne).

Premier paysan: Et?

Second paysan: C’est bon, je ne vois personne! Cet ami a dit à sa femme: « Tiens ce soir c’est lui qui va marquer pour une fois ! Et dire qu’après on s’étonne qu’il fasse un malaise vagal après avoir fait un jogging anal dans le pantalon de Carlita».

Premier paysan (écroulé de rire): Ha ! Ha! Très drôle et bien trouvé!

Second paysan: Comme tu dis mais ce qui est moins drôle, c’est qu’a ce moment là, deux CRS-SS sont entrés, les ont pris et les ont mis en prison à vie pour insulte au chef de l’état!

Premier paysan: Encore! Remarque, à ce rythme là, il n’y aura bientôt plus de personne de libre dans le pays et il pourra se congratuler d’y avoir réinstauré la sécurité totale malgré la surpopulation carcérale.

Second paysan: Bien dit!

Ismène (sortant de sa cachette et se découvrant aux paysans): Messieurs, je vous ai compris! Mon cerveau s’est enfin remis en place!

Les deux paysans (parlant l’un en écho de l’autre): Aie! Vous avez tout entendu?

Ismène: Oui et ma nourrice (la nourrice se découvre) aussi!

Les deux paysans: Vous n’auriez pas dû! C’est trop dur pour vos pauvres petites oreilles!

Ismène: Non! Je dois affronter la réalité! Créon est un mauvais homme!

Les deux paysans: Hein! Vous n’allez pas nous dénoncer !?

Ismène: Non, j’ai changé, moi aussi, et je pense que la délation est une mauvaise chose. Maintenant, nous devons nous révolter!

Les deux paysans (inquiets): Euh! Attendez, on a des femmes et des enfants, on ne veut pas mourir!

Ismène: Allez, un peu de courage.

Les deux paysans: Ce n’est pas une question de courage, nous avons juste peur de mourir.

Ismène: Il n’y a pas à avoir peur! Si nous sommes assez nombreux, nous ne mourrons pas! Prévenons d’autres personnes, ameutons les gens, gagnons les à notre cause et allons-y! Appelons à la grève générale pour accomplir notre rêve général!

Premier paysan: Ouais! Enfin! Moi j’avais une autre idée pas mal ; cette idée est de créer un parti humoriste, dont le nom aurait été Parti Rhinocéros.
Ismène: Tiens? Quelle idée! Peux-tu m’en dire plus?

Premier paysan: Son programme aurait été de combattre tout le système de l’intérieur par le rire. Pour embêter les politiques tout en rigolant, pour faire chier ces gros cons, notre slogan aurait été: de rires en rires jusqu'à la victoire et d’orgasme en orgasme jusqu'à la luxure. A mon avis, il faudrait peut être un parti qui exprimerait toute la profondeur de notre impuissance et du malaise profond qu’éprouve notre société envers ce qui est jeune et/ou différent.

Ismène: Il est de meilleure idée de chasser le tyran et de créer une assemblée populaire dans chaque ville ou arrondissement selon la taille de la ville, afin de ne plus avoir de représentant et de nous représenter nous même, afin de reprendre le pouvoir dans une vraie démocratie. Le président de séance et le secrétaire de cette assemblée seraient, comme à Athènes, tirés au sort parmi les volontaires. Cela permettrait d’instaurer une société plus démocratique, ce qui, certes, ne réglerait pas tout les problèmes mais en tout cas en réglerait, c’est sur, certains.

Second paysan: Ouais! Elle a raison!

La nourrice: Bon! Allons-y! Franchement on n’a pas que cela à faire! Parler, ce n’est bon que pour les mauviettes. Passons à l’action!

Les deux paysans (courageusement): Vous avez raison! Allons-y!

(Ismène, les paysans et la nourrice marchent sur place. Ils rencontrent d’autres personnes (charpentiers, bouchers, artisans, cadres…) qui entrent sur scène (de 5 à 1000, selon l’argent disponible pour payer ces acteurs et la taille du théâtre; qu’il y en ait 5 ou 1000 les spectateurs seront priés de faire comme s’il y en avait beaucoup plus). Ils forment peu à peu une foule d’où ne doit ressortir aucun visage. Tous doivent porter des masques sauf la nourrice et Ismène. Ils continueront de les porter dans la scène suivante).

 

(Tout le monde sort)

 

Scène 3. L’opposition, Ismène, la nourrice, Créon et les militaires.

 

(Cette scène se passe en face du palais royal)

(Une foule de gens, dont le nombre dépend des moyens, menée par Ismène et sa nourrice, marche sur un tapis roulant (qui va dans le sens inverse de l’endroit où ils se dirigent, vers le Palais) ou marchent vers un coté sans avancer, s’il n’y a pas d’autre moyen).

L’opposition(chantant): On chante! Si on chante, c’est qu’on est debout ! Le patronat déchante, mettons le à genoux!

Dans la chambre y a des députés qui se branlent toute la journée! Notre meilleure façon d’voter c’est encore la noôotre, c’est de prendre des pavés et d’les balancer! Union! Action! Insurrection!

Les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère! De cette société-là on n’en veut pas! Qui sème la misère, récolte la colère. De cette société-là on n’en veut pas!

Il était un petit Créon, il était un petit Créon qui n’avait ja-ja-jamais gouverné qui n’avait ja-ja-jamais gouverné! Ohé ! Ohé ! Ohé!

IUFM je t’aimeee, bientôt que des précaires! J’veux pas qu’on m’supprime comme ça! J’veux pas qu’on m’supprime comme ça!

On en a marre de tous ces guignols qui ferment les usines et ferment les écoles! On en a marre !

(Le brouillard se lève, le balcon du palais apparaît, le tapis roulant et le peuple s’arrêtent d’avancer puis le brouillard se lève).

Créon(sortant, énervé, en chemise de nuit sur son balcon): Que se passe-t-il? Je n’ai donc pas le droit de dormir tranquille!

Ismène(avec un mégaphone): Je me fais ici la porte-parole de tout le peuple! On en a assez de vivre une vie mauvaise, de souffrir.

Créon(encore plus énervé): Que fais-tu ici, Ismène! Tu es de leur côté maintenant ?! N’oublie pas qui tu es! Sois responsable!

Ismène(avec un mégaphone): Je sais qui je suis et c’est mon rôle d’être ici! Je dois être du côté du peuple qui souffre! (s’adressant à L’opposition, d’un ton fort) Jetez-lui de œufs pourris et des bouteilles vides.

(L’opposition jette des œufs pourris et de bouteilles vides. Créon ferme la fenêtre en attendant que tout se calme).

Créon (revenant): Faites pas les malins, pauvres cons! Il ne faut pas rester immobile.

Ismène: Escroc!

Créon: Tais toi ! Tu es seulement là pour tes bénéfices personnels, pas pour le bien du pays. Tu es juste malheureuse d’avoir perdu ta sœur, ton frère. (Murmures dans L’opposition)

Ismène(avec un mégaphone): Non! C’est toi qui agis au nom de tes bénéfices personnels pour ton fils et tes amis qui possèdent les médias. Nous souffrons, notre maison brûle et vous regardez ailleurs en agissant uniquement dans votre propre intérêt. L’une des preuves de notre souffrance : 35 personnes ou plus qui se sont suicidées à France Télécom.

Créon: A la limite, que ta nourrice manifeste, cela se peut se comprendre car cette étrangère a toujours été contre moi! Mais toi! Ressaisis-toi! Ne t’abaisse pas à son niveau. Tu vaux plus que cela, je fais appel à tes valeurs morales.

La nourrice: Elle ne s’abaisse pas! Elle souffre autant que moi de voir le peuple souffrir. C’est toi qui n’as aucune valeur et qui sacrifies le peuple sur le sommet du mont Olympe, sans scrupule, à ton dieu sanguinaire. Le peuple souffre et tu regardes ailleurs!

Créon(sarcastique): Oh! Mais faisons l’effort de nous comprendre! Comme pour Copenhague, porte ouverte sur l’avenir, et la taxe Carbone ; je ne lâcherai pas! Car j’entends votre souffrance, ne vous inquiétez pas, le pire de la crise est passé, si vous voulez mieux vivre, il vous suffira de ne plus acheter de voiture et de faire du vélo. Je suis le président du pouvoir d’achat! (Plus du tout sarcastique) Laissez moi du temps car j’ai trouvé la solution à tous les problèmes comme l’absentéisme, la mendicité, la prostitution, et j’en passe; mettre tout le monde en prison! Mettons tout le monde en prison, et il n’y aura plus de problèmes, même si ces prisons seront un peu surchargées. Seul, l’Union-Européenne râlera mollement comme elle l’a fait pour les Roms. Il faut choisir entre avoir un travail et vivre mieux car les deux ne sont pas possibles ensemble.

Ismène (avec un mégaphone): Cela suffit, nous voulons mieux vivre, pouvoir acheter des voitures et pouvoir circuler avec un pétrole moins cher.

L’opposition (en chœur): elle a raison.

Créon (ironique): Je voudrais bien, mais de toute façon, ce n’est pas moi qui contrôle les cours du pétrole ; adressez vous aux Emirats Arabes Unis.

Ismène (exaspérée): On en a assez!

Créon: Oh! Calmez-vous! Sinon j’envoie les militaires.

Ismène: Restons groupés, camarades, et il ne pourra rien faire.

Créon: Tant pis pour vous! Militaires! Tirez dans le tas!

(Les militaires entrent et tirent dans le tas avec des balles à blanc (ou des balles réelles si les acteurs veulent mourir), toute L’opposition (dont Ismène et la nourrice) meurt. Ils sortent ensuite).

Créon (se frottant les mains): Voilà une bonne chose de faite! (Il sort).

 

Scène 4. Créon, Carlita, Le chœur, le page et le postface.

 

(La scène se passe dans le salon du palais royal).

Créon (prenant sa femme dans les bras): Ah, ma petite Carlita, nous allons enfin être heureux et vivre tranquille.

Carlita(chantant et se balançant sur le ton de« c’est quelqu’un m’a dit », elle doit chanter faux): Je n’ai aucune raison de me suicider, je vis, je vis je vis et j’n’ai pas mal aux pieds, c’est quelqu’un qui m’a dit qu’je vivais encore, c’est quelqu’un qui m’a dit qu’je vivais encore. Il semble que quelqu’un ait convoqué l’espoir, est-ce toi ? Est-ce toi ? Même les jours de pluie, je dans les miroirs pour toi! Il semble que mes bras soient devenus des ailes car je suis dans le tableau de ton père un ange.
Qu’à chaque instant qui passe je puisse manger le miel, le ciel.
Ciel lourd dû au réchauffement climatique dont la terre est triste d’un autre âge.

Les clochers sont penchés, les arbres déraisonnent mais toi mon amour, tu ne déraisonnes pas.
La neige ne fond plus, la pluie chante doucement, cela est logique n’est ce pas?
Et même les réverbères ont un air impatient de m’entendre.
Et même les cailloux se donnent la peine de t’entendre alors qu’il n’ont pas d’oreille.
Car je suis l’amoureuse, je suis l’amoureuse et que tu es mon amoureux, mon amourheureux.
Je suis l’amoureuse, je suis ton amoureuse et tu es mon amoureux.

Le temps s’est arrêté les heures sont volages.
Les minutes frissonnent et l’ennui ne fait pas naufrage quand je te suce!
Tout paraît inconnu tout croque sous la dent et surtout les gâteaux au chocolat.
Et le bruit du chagrin s’éloigne lentement, pour moi en tout cas.
Et le bruit du passé se tait tout simplement car celui du présent est plus fort
Les murs changent de nuages,
Le ciel change de pierres,
La vie change de mirages et dansent les manières dans le brouillard.
On a vu, m’a-t-on dit, le destin se montrer hier.
Il avait mine de rien l’air de tout emporter.
Il avait ton allure ta façon de parler, de crier, de pleurer, de faire l’amourere.
Car je suis l’amoureuse, oui je suis l’amoureuse et que tu es mon amoureux, mon amour heureux.
Je suis ta femme, tu es ma came, je te sniffe. Ma toxique, ma volupté suprême, qui ressemble à des nuages. Mon rendez-vous chéri et mon abîme. Tu fais rire au plus doux de mon âme. Je te sniffe, tu es ma came car je suis une flamme.
Tu es mon genre de délice, de programme mais pas de programme politique.
Je t’aspire, je t’expire et je me pâme.
Je t’attends comme on attend la manne car je suis mannequin! Je te suce, tu es ma came et je suis ta femme.
J’aime tes yeux, tes cheveux, ton arôme, ton Dior, ta Rolex, ton yacht.
Viens donc la que je te goûte que je te fume, me faire l’amourere.
Tu es mon bel amour, mon anagramme, mon avenir, mon horoscope.

Tu es ma came, je te suce car je suis ta femme. Plus mortelle que l’héroïne afghane que distribue le frère du président Karzai. Plus dangereuse que la blanche colombienne que distribuent les Farcs et l’Ex de Florence Cassez…

Le chœur: Désolé de cette interruption. Pour éviter un éventuel procès en diffamation, l’auteur précise qu’il trouve bizarre qu’elle ne se soit pas aperçue que des gens, qu’il faut bien nourrir, vivaient avec elle avec les 444 steaks que devait amener en plus son mari. On imagine le dialogue entre les deux personnes: A : « Pourquoi tu as de la nourriture en plus chouchou on a des invités ce soir ? », B : « Non non j’ai juste très faim », A : « Ah bon ok ! ». Il faut lui expliquer, si les explications sont valables, il fera des excuses publiques. (Il sort).
Carlita: …Tu es ma solution à mon doux problème mais pas à ceux, forts, des français
Tu es ma came, je te suce car je suis ta femme. A toi tous mes soupirs, mes poèmes, mes paroles et mes chansons. Pour toi toutes mes prières c’est ma lune, mes fesses où tu fourres ton sexe. A toi ma disgrâce et ma fortune mais surtout à moi ta fortune mais pas ta disgrâce. Je te suce, tu es ma came et je suis femme.
Quand tu pars c’est l’enfer et j’ai des flammes à mes fesses chaudes comme l’enfer que tu crées pour ton pays.
Toute ma vie, toute ma peau réclame ton corps pour l’avaler.
On dirait que tu coules dans mes veines tel le sang rouge que tu verses.
Je te veux jusqu’à en vendre mon âme et celle de tous les amants que j’ai eus ou que j’ai encore. A tes pieds je dépose mes armes, mon sexe.
Car tu es ma came, tu es ma came et je suis ta femme…

Créon(la coupant): Oui, merci, merci! Excuse-moi mais je dois parler à mon page.

Carlita (chantant et se balançant): Tu sais ce que je pense de ses conseils…

Créon (la coupant): Oui, oui je sais mais je dois lui parler car il est le seul en qui j’ai encore confiance. Sors maintenant, s’il te plaît.

(Carlita sort en fredonnant).

Créon: Mon cher page!

Le page: Oui monsieur?

Créon(inquiet): Ai-je bien fait d’envoyer les militaires? je suis inquiet car c’était une foule nombreuse!

Le page (le rassurant): Ce n’est pas bien grave, vous avez bien fait car ainsi, s’il ne reste pas beaucoup de gens dans le pays, vous pouvez être à peu près sûr qu’ils sont tous d’accord avec vous et de gagner ainsi les régionales largement, avec le FN en seconde position vu que vous les avez tous tués.

Créon(rassuré): Tu as bien raison! Et puis ils n’avaient qu’a pas me traiter de pauvre con hein moi j’ai droit mais pas eux ! Qu’avons-nous maintenant?

Le page: Conseil des ministres monsieur!

Créon: Eh bien si nous avons conseil des ministres, il faut y aller. Surtout, que bien que j’aie des ministres, c’est moi qui décide de tout, toujours, tout le temps, sans aucune contestation.

(Le page et Créon sortent).

(Un temps).

Le postface (entre puis parle au public tel un crieur public): Ainsi, Après tous ses efforts, le chef de l’Etat réussit dans son entreprise en obtenant 70% de voix au premier tour des élections avec une montée flagrante mais, d’un FHAINE et d’autres petits partis d’extrême droite passant, de 10% à 29,5% de la population. Les autres 0,5 étant répartis entre le PS, les verts, le Modem et les autres partis de gauche ou du centre ce qui es normal vu qu’il vient de tous les tuer. Sur ce, je vous laisse vaquer à vos occupations, en espérant que vous choisirez des activités plus sérieuses que celles que vous êtes en train de faire maintenant. (Il sort).

 



.FIN.

 

REMERCIEMENTS.

 

L’auteur remercie Action Discrète, les guignols de l’info, et dans un moindre sens des hommes politiques pour l’inspiration qu’ils lui ont apportée. En espérant n’oublier personne.

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